Les Enfants des deux Rois
Contes de Grimm
Au cœur d'un royaume verdoyant, vivait un roi qui aimait beaucoup son fils. Un jour, une vieille fée un peu grincheuse avait prédit que son fils, le prince, rencontrerait un grand danger à cause d'un cerf quand il aurait seize ans. Le roi, très inquiet, interdit donc à son fils de chasser.
Mais le jour de ses seize ans, le prince, curieux et courageux, voulut absolument aller chasser. Son père, le cœur lourd, le laissa finalement partir avec ses chasseurs. Dans la forêt, le prince aperçut un cerf magnifique, avec des bois comme des branches d'or. Il le poursuivit, s'éloignant de ses compagnons, loin, très loin dans la forêt.
Soudain, le cerf se transforma ! Devant le prince se tenait un autre roi, puissant et un peu magique. Ce roi-cerf dit : "Tu as chassé ma forme magique. Pour te laisser la vie sauve, tu dois épouser ma fille." Le prince, un peu surpris mais aussi intrigué, accepta.
Le mariage fut célébré avec joie dans le royaume du roi-cerf. La princesse était très belle et douce. Mais après quelque temps, le prince commença à s'ennuyer de son propre royaume et de son père. Sa nouvelle épouse, la princesse, était triste de le voir partir. Elle lui donna une bague magique. "Pense très fort à un endroit," dit-elle, "et cette bague t'y emmènera. Mais s'il te plaît, ne souhaite jamais que je sois au château de ton père, car cela me causerait un grand malheur et je deviendrais aveugle et muette."
Le prince promit. Il utilisa la bague pour retourner chez son père, qui fut fou de joie de le revoir. Mais le prince était si heureux et si pressé de présenter sa femme qu'il oublia l'avertissement. Il souhaita de tout son cœur : "Ah, si seulement ma femme était ici avec moi !"
Aussitôt, la princesse apparut. Mais elle était pâle, ses yeux ne voyaient plus et aucun son ne sortait de sa bouche. Elle était comme ensorcelée. Le vieux roi, voyant cette jeune femme malade et silencieuse, crut qu'elle était une sorcière venue faire du mal à son fils. Il ordonna qu'on se débarrasse d'elle.
Mais le serviteur chargé de cette triste tâche eut pitié. Au lieu de faire du mal à la princesse, il l'emmena secrètement dans la forêt profonde et la laissa près d'un grand arbre, avec un peu de nourriture.
Peu de temps après, dans la forêt, la princesse eut deux beaux enfants, des jumeaux, un garçon et une fille. Un lion majestueux, le roi des animaux de cette forêt, les trouva. Au lieu de leur faire peur, il devint leur protecteur. Il leur apportait de la nourriture et veillait sur eux comme s'ils étaient ses propres petits. La princesse, même sans voir ni parler, s'occupait de ses bébés avec amour.
Les années passèrent. Les enfants grandirent, forts et agiles, jouant avec les animaux de la forêt. Ils avaient chacun une petite étoile dorée sur l'épaule, une marque de naissance spéciale.
Un jour, le prince, leur père, chassait dans cette même forêt. Il était toujours très triste d'avoir perdu sa femme qu'il croyait morte. Il vit les deux enfants, si beaux et si sauvages. Il remarqua l'étoile dorée sur leur épaule. C'était la même que celle de sa famille !
"Qui êtes-vous, beaux enfants ?" demanda-t-il, le cœur battant. "Et où est votre mère ?"
Les enfants, qui avaient souvent entendu leur mère essayer de leur parler d'un prince perdu, le conduisirent à la clairière où elle vivait.
La princesse était toujours là, assise tristement, ne voyant rien, ne disant rien. Le prince la reconnut immédiatement. Il la prit dans ses bras, pleurant de joie et de tristesse. Les enfants, voyant leur père et leur mère réunis, souhaitèrent de tout leur cœur qu'elle guérisse.
Et comme par magie, ou peut-être grâce à l'amour si fort qui les unissait tous, la princesse ouvrit les yeux. Elle pouvait voir ! Elle pouvait parler ! "Mon prince !" s'écria-t-elle.
Quelle joie ! Le prince ramena sa femme et ses enfants au château. Le vieux roi, comprenant son erreur, fut rempli de bonheur et demanda pardon à la princesse. Et ils vécurent tous ensemble, heureux pour toujours, avec le souvenir du gentil lion de la forêt qui les avait protégés.
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