Le fléau du ciel
Contes de Grimm
Figurez-vous un paysan, pas très riche mais avec un cœur simple, qui un jour frappa à la grande porte du Paradis. C'est Saint Pierre en personne, avec sa grande barbe blanche et ses clés dorées, qui vint lui ouvrir.
"Bonjour," dit le paysan, un peu timide. "Puis-je entrer ?"
"Bien sûr, mon ami, entre donc," répondit Saint Pierre avec un sourire.
À l'intérieur, c'était merveilleux ! Il y avait une grande table où les apôtres et les saints mangeaient et buvaient. Ils avaient l'air de bien s'amuser. Le paysan s'assit un peu à l'écart, attendant qu'on lui serve quelque chose. Mais rien ne venait. Il voyait les autres se régaler de gâteaux et de fruits, mais son assiette restait vide.
Au bout d'un moment, son estomac commença à gargouiller. Il alla voir Saint Pierre.
"Excusez-moi, Saint Pierre," dit-il, "mais pourquoi tout le monde mange de bonnes choses et moi, je n'ai rien ?"
Saint Pierre le regarda avec douceur. "Mon cher ami," expliqua-t-il, "ici au Paradis, chacun reçoit ce qu'il a donné sur Terre. Si tu as été généreux et que tu as partagé avec les autres, alors tu as beaucoup à manger ici. Si tu as gardé tout pour toi, eh bien..."
Le paysan se gratta la tête. C'est vrai qu'il n'avait pas été très généreux. Il avait toujours eu peur de manquer.
"Oh," fit-il, un peu déçu. "Alors, je crois que je préfère retourner sur Terre. Au moins, là-bas, je peux travailler pour manger."
Saint Pierre sourit. "Je comprends. Mais attends, je ne vais pas te laisser repartir les mains vides." Il alla chercher un sac et le tendit au paysan. "Tiens, prends ce fléau. Il est un peu spécial. Si tu dis : 'Fléau, sors du sac !', il sortira et fera tout ce que tu lui demandes. Et si quelqu'un t'embête ou essaie de te voler, dis simplement : 'Fléau, frappe !', et il s'en occupera."
Le paysan remercia Saint Pierre et redescendit sur Terre avec son sac. Il arriva bientôt dans une auberge. L'aubergiste, un homme un peu curieux et pas très honnête, vit le sac.
"Qu'est-ce que vous avez là-dedans ?" demanda-t-il.
"Oh, juste un vieux fléau," répondit le paysan, fatigué par son voyage.
L'aubergiste pensa que le paysan cachait un trésor. Pendant la nuit, alors que le paysan dormait profondément, l'aubergiste se glissa dans sa chambre et essaya de prendre le sac.
Mais le paysan se réveilla en sursaut et cria : "Fléau, sors du sac et frappe cet homme !"
Aussitôt, le fléau bondit hors du sac et commença à taper sur l'aubergiste. Pan ! Poum ! L'aubergiste criait et sautait partout.
"Au secours ! Arrêtez ça ! Je suis désolé ! Je ne recommencerai plus !" supplia-t-il.
Le paysan dit alors : "Fléau, arrête-toi !"
Le fléau retourna sagement dans le sac. L'aubergiste, tout penaud et couvert de bleus, promit de ne plus jamais essayer de voler qui que ce soit. Pour se faire pardonner, il offrit au paysan un bon repas et une chambre confortable, sans rien lui demander en échange.
À partir de ce jour, le paysan utilisa son fléau avec sagesse. Il ne fut plus jamais pauvre, car si quelqu'un essayait d'être méchant avec lui, le fléau était là pour le défendre. Et il se souvint toujours de ce que Saint Pierre lui avait dit : il est bon de partager, mais il est aussi important de savoir se protéger des filous !
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