Un matin, alors que le soleil brillait gaiement, un petit tailleur était assis à sa table près de la fenêtre. Il mangeait une tartine de confiture quand, bzzzz, bzzzz, des mouches sont arrivées, bien décidées à partager son repas. "Ah non, pas question !" se dit le tailleur. D'un coup sec de son torchon, CRAC ! Il en écrasa sept d'un coup. Sept ! Il était si fier qu'il se fabriqua une ceinture et y broda en grosses lettres : "SEPT D'UN COUP".

Avec sa nouvelle ceinture, il se sentit prêt à découvrir le monde. Il mit un morceau de fromage dans sa poche pour la route et attrapa un oiseau qui voletait près de sa fenêtre, le mettant aussi dans sa poche.

En chemin, il rencontra un géant énorme. Le géant, voyant la ceinture, pensa que le tailleur avait tué sept hommes. "Hmm," dit le géant, "prouve ta force." Il prit une pierre et la serra si fort que de l'eau en sortit. Le tailleur, malin, sortit de sa poche son vieux morceau de fromage et le pressa. Du petit-lait en coula. "Pas mal," dit le géant, un peu surpris.

Puis le géant lança une pierre si haut qu'on la perdit de vue. Le tailleur sortit l'oiseau de sa poche et le lança en l'air. L'oiseau, heureux d'être libre, s'envola très haut et ne revint pas. "Encore mieux !" pensa le géant, impressionné.

Ensuite, le géant voulut porter un grand chêne abattu. "Aide-moi," dit-il au tailleur. "D'accord," répondit le petit futé. "Toi, tu portes le tronc, et moi, je porterai les branches et le feuillage, c'est bien plus lourd." Le géant peina sous le poids du tronc, tandis que le tailleur s'installa confortablement sur une branche, sifflotant, porté par le géant.

Le tailleur arriva finalement au palais d'un roi. Le roi, lisant "SEPT D'UN COUP" sur la ceinture, fut à la fois effrayé et impressionné. Il lui proposa un marché : "Si tu débarrasses ma forêt de deux méchants géants qui terrorisent tout le monde, tu auras la main de ma fille la princesse et la moitié de mon royaume."

Le tailleur accepta. Il trouva les deux géants endormis sous un arbre. Discrètement, il monta dans l'arbre et commença à leur lancer des petites pierres, une par une, sur le premier, puis sur le second. Le premier géant se réveilla en grognant : "Pourquoi me frappes-tu ?" "Tu rêves, c'est toi qui me frappes !" répondit l'autre, réveillé à son tour. Ils commencèrent à se disputer, puis à se battre si violemment avec des arbres déracinés qu'ils finirent par s'assommer mutuellement. Le tailleur descendit et annonça sa victoire.

Le roi, toujours un peu méfiant, lui donna une autre tâche : capturer une licorne féroce qui ravageait la forêt. Le tailleur prit une corde et une hache. Il attira la licorne qui chargea furieusement vers lui. Au dernier moment, le tailleur sauta derrière un gros arbre. La licorne, dans son élan, enfonça sa corne si profondément dans le tronc de l'arbre qu'elle ne put plus bouger. Le tailleur passa la corde autour de son cou et, une fois la licorne bien attachée, il la libéra de l'arbre et la mena au roi.

Mais le roi avait encore une épreuve : "Capture le terrible sanglier sauvage qui dévaste nos champs avant le mariage," ordonna-t-il. Le tailleur attira le sanglier vers une petite chapelle abandonnée dans la forêt. Le sanglier fonça à l'intérieur. Vite, le tailleur sauta par la fenêtre et ferma la lourde porte, piégeant le sanglier.

Le roi n'eut plus le choix. Le tailleur épousa la princesse et devint riche. Mais une nuit, la jeune reine entendit son mari marmonner dans son sommeil : "Garçon, fais-moi ce gilet et rapièce ce pantalon, ou je te donne un coup de règle sur les doigts !" Elle comprit qu'il n'était qu'un simple tailleur. Effrayée, elle courut tout raconter à son père le roi.

Le roi décida de se débarrasser de lui. Il ordonna à ses gardes de se cacher dans la chambre et de le capturer pendant son sommeil. Mais un serviteur fidèle, qui aimait bien le tailleur, l'avertit du plan. La nuit venue, quand les gardes s'approchèrent, le tailleur fit semblant de rêver à voix haute, d'une voix forte et claire : "Garçon, fais-moi ce gilet et rapièce ce pantalon ! J'ai tué sept d'un coup, vaincu des géants, capturé une licorne et un sanglier, et ce ne sont pas ces vauriens cachés derrière la porte qui vont me faire peur !"

Les gardes, entendant cela et se rappelant ses exploits, furent terrifiés. Ils s'enfuirent à toutes jambes et n'osèrent plus jamais s'approcher de lui.

Après cela, plus personne n'osa jamais déranger le petit tailleur. Il vécut heureux avec la princesse, et tout le monde se souvint de lui comme du plus courageux des héros, même s'il avait commencé son aventure en chassant simplement des mouches sur sa tartine.

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