La Fille du Paysan pleine de Sagesse
Contes de Grimm
Imaginez un paysan qui n'avait pas beaucoup de sous, mais il avait une fille, oh là là, plus maligne qu'un renard !
Un jour, en labourant son champ, hop ! Sa charrue heurte quelque chose de dur. C'était un mortier tout en or ! Mais, zut, pas de pilon avec. "Je vais l'offrir au roi," se dit le paysan.
Quand le roi voit le mortier, ses yeux brillent. "C'est magnifique ! Mais où est le pilon ?"
Le paysan explique qu'il n'y avait pas de pilon. Le roi fronce les sourcils. "Un mortier sans pilon ? Impossible ! Tu l'as caché !" Et hop, le pauvre paysan se retrouve en prison.
Dans sa cellule, il se lamente : "Si seulement j'avais écouté ma fille ! Elle m'avait dit de ne rien dire du tout !"
Un garde entend ses plaintes et les rapporte au roi. Le roi, curieux, fait venir la fille.
"Ton père dit que tu es très intelligente," dit le roi. "Si tu l'es vraiment, je vais te poser une énigme. Viens me voir, mais tu ne dois être ni habillée, ni nue. Tu ne dois venir ni à cheval, ni à pied. Et tu ne dois être ni sur la route, ni en dehors de la route."
La fille réfléchit un instant, puis un petit sourire malicieux éclaire son visage.
Le lendemain, elle arrive au château. Comment ? Elle s'est enroulée dans un grand filet de pêche (comme ça, elle n'est ni habillée, ni nue, on voit à travers mais elle est couverte). Elle a emprunté un petit âne. Elle a mis un pied sur le dos de l'âne et laisse l'autre traîner par terre, touchant juste le sol (ainsi, elle n'est ni à cheval, ni complètement à pied). Et elle a fait marcher l'âne de façon à ce qu'il avance avec les pattes d'un côté dans le petit fossé à côté de la route, et les pattes de l'autre côté sur le bord de la route (elle n'est donc ni tout à fait sur la route, ni complètement en dehors).
Le roi est tellement épaté par son intelligence qu'il libère son père et, devinez quoi ? Il demande la main de la fille ! Et voilà notre fille de paysan devenue reine.
Quelques temps plus tard, une drôle d'affaire arrive au château. Deux paysans se disputent un poulain.
Le premier dit : "Ce poulain est à moi ! C'est mon chariot, qui était garé là, qui l'a mis au monde !"
Le second crie : "N'importe quoi ! C'est ma jument, qui était attachée à ton chariot, qui a eu ce poulain !"
Le roi est perplexe.
La reine, qui écoute discrètement, appelle le paysan propriétaire de la jument et lui chuchote une idée.
Le lendemain, devant le roi, le paysan à la jument arrive avec un grand filet de pêche et commence à le jeter sur la terre sèche de la cour, comme s'il pêchait.
Le roi, étonné, demande : "Mais que fais-tu ? On ne peut pas pêcher là où il n'y a pas d'eau !"
Le paysan répond calmement : "Sire, s'il est aussi possible de pêcher sur la terre sèche qu'il l'est pour un chariot de mettre au monde un poulain, alors j'ai une chance de trouver du poisson !"
Le roi comprend immédiatement que le poulain appartient au propriétaire de la jument et rit de la ruse. Mais il est aussi un peu vexé que sa femme soit plus maligne que lui pour résoudre l'affaire.
"Tu es trop intelligente," dit-il à la reine, un peu fâché. "Tu ne seras plus ma reine. Retourne chez ton père. Mais je suis bon prince : tu peux emporter dans un grand coffre ce que tu as de plus précieux au château."
La reine a le cœur gros, mais elle accepte.
Le soir, elle prépare un délicieux repas d'adieu pour le roi. Dans son verre de vin, elle verse une petite potion pour dormir très fort. Le roi boit, mange, et bientôt, zzzzz, il s'endort comme un bébé.
Alors, la reine, avec l'aide de serviteurs fidèles, met doucement le roi endormi dans le plus grand coffre du château. Puis elle fait transporter le coffre jusqu'à la petite maison de son père.
Le lendemain matin, le roi se réveille. Il est tout étonné de se trouver dans un lit simple, dans une petite pièce. "Où suis-je ?" crie-t-il.
La reine entre en souriant. "Tu es avec moi, mon cher mari."
"Mais... tu devais emporter ce que tu avais de plus précieux !" dit le roi.
"Et c'est ce que j'ai fait," répond la reine avec douceur. "Pour moi, rien n'est plus précieux que toi."
Le cœur du roi fond. Il comprend à quel point sa femme l'aime et combien elle est vraiment, vraiment intelligente. Il la serre dans ses bras, lui demande pardon, et ils retournent ensemble au château. Et ils vécurent heureux, le roi écoutant souvent les sages et amusants conseils de sa reine.
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