Figurez-vous une reine qui avait une petite fille un peu trop espiègle à son goût. Un jour, excédée par une bêtise de plus, la reine s'écria sans vraiment y penser : "Ah, si seulement tu étais un corbeau et que tu pouvais t'envoler loin d'ici pour que je ne te voie plus !"
Aussitôt dit, aussitôt fait ! La petite fille se transforma en un corbeau noir comme du charbon et s'envola par la fenêtre, laissant sa mère bien surprise et pleine de regrets.

Le corbeau vola, vola, très loin, jusqu'à une forêt sombre et profonde. Là, un jeune homme entendit une petite voix triste qui appelait. C'était le corbeau, perché sur une branche.
"Je suis une princesse ensorcelée," dit le corbeau. "Tu peux me sauver. Va dans la forêt jusqu'à une petite cabane. Une vieille femme y vit. Elle t'offrira à manger et à boire, mais tu ne dois rien accepter. Ensuite, attends-moi dans le jardin, sur un tas de paille. Si tu t'endors, je resterai un corbeau."

Le jeune homme, courageux, promit d'essayer. Il trouva la cabane. La vieille femme lui proposa un bon repas et un verre de vin, mais il refusa poliment. Il alla s'asseoir sur le tas de paille. Il lutta contre le sommeil, mais ses yeux se fermèrent tout seuls. Quand il se réveilla, le corbeau volait au-dessus de lui et laissa tomber une petite bague en or à ses pieds avant de repartir.

Le lendemain, le jeune homme retourna à la cabane, refusa encore toute nourriture et boisson, et s'installa sur la paille. Mais de nouveau, la fatigue fut la plus forte. Le corbeau revint, laissa tomber un petit rouet d'or, et s'envola, l'air encore plus triste.

Le troisième jour, même chose. Le jeune homme s'endormit malgré tous ses efforts. Cette fois, le corbeau laissa tomber un dévidoir d'or.
"Hélas," dit le corbeau d'une voix pleine de chagrin. "Tu n'as pas pu me sauver. Mais je te donne ces objets. Prends aussi ce pain qui ne diminuera jamais, ce morceau de viande qui se renouvellera toujours, et cette gourde de vin qui ne se videra jamais. Si tu veux encore m'aider, tu devras me chercher au Château d'Or de Stromberg."

Le jeune homme, le cœur lourd, se mit en route. Il marcha longtemps, très longtemps. Un jour, il rencontra un géant affamé. Grâce à son pain, sa viande et son vin magiques, il put offrir un festin au géant. Reconnaissant, le géant le porta sur ses épaules sur une grande distance.

Finalement, il arriva devant une immense montagne de verre, si lisse qu'il était impossible de la grimper. Alors qu'il se demandait comment faire, il vit deux autres géants qui se disputaient très fort. Ils se battaient pour un manteau qui rendait invisible, des bottes qui permettaient de faire sept lieues en une seule enjambée, et une épée qui pouvait tout trancher.
Le jeune homme, malin, leur proposa : "Pourquoi ne pas faire une course jusqu'à cet arbre là-bas ? Le premier arrivé gagnera tout !"
Les géants, pas très futés, acceptèrent et partirent en courant. Pendant ce temps, le jeune homme enfila les bottes, prit le manteau et l'épée, et hop ! Il traversa la montagne de verre en un clin d'œil avec ses bottes magiques.

Il arriva enfin au Château d'Or de Stromberg. Grâce à son manteau d'invisibilité, il put entrer sans être vu. Il vit la princesse, redevenue humaine, mais elle semblait triste car on la forçait à épouser un autre.
Discrètement, le jeune homme s'approcha et posa la bague en or devant elle. Elle la reconnut. Puis il posa le rouet d'or, et enfin le dévidoir. La princesse comprit que son sauveur était là !
Elle se leva et déclara qu'elle ne voulait épouser que celui à qui appartenaient ces objets. Le jeune homme se montra. La joie fut immense. Ils quittèrent ensemble le château et, peu de temps après, ils célébrèrent un mariage magnifique et vécurent heureux pour toujours.

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