• Le pauvre et le riche

    Contes de Grimm
    Un jour, un voyageur un peu spécial se promenait sur la Terre. Il avait l'air d'un vieil homme fatigué, avec des vêtements simples. En vérité, c'était le bon Dieu qui voulait voir comment les gens se comportaient.

    Le soir tombait, et le voyageur arriva devant une grande et belle maison. C'était la maison d'un homme très riche. Le voyageur frappa à la porte. L'homme riche ouvrit, regarda le vieil homme de haut en bas et dit d'un air mécontent :
    "Que voulez-vous ? Je n'ai pas de place pour les vagabonds ici. Allez-vous-en !" Et il claqua la porte au nez du voyageur.

    Le voyageur, un peu triste, continua son chemin. Il arriva bientôt devant une toute petite cabane, bien modeste. Il frappa doucement. Un homme pauvre, mais au visage gentil, ouvrit la porte.
    "Bonsoir," dit le voyageur. "Serait-il possible de trouver un abri pour la nuit ? Je suis très fatigué."
    L'homme pauvre et sa femme sourirent. "Entrez, brave homme," dirent-ils. "Nous n'avons pas grand-chose, mais ce que nous avons, nous le partagerons avec plaisir."
    Ils lui offrirent un peu de pain, une soupe chaude et un coin pour dormir près du feu. Le voyageur était touché par leur gentillesse.

    Le lendemain matin, avant de partir, le voyageur dit au couple pauvre :
    "Vous avez été si bons avec moi. Pour vous remercier, je vous accorde trois souhaits. Demandez ce que vous voulez."
    L'homme pauvre et sa femme se regardèrent, surpris. Puis l'homme dit :
    "Eh bien, pour notre premier souhait, nous aimerions le bonheur éternel après notre mort, pour aller au paradis."
    "C'est accordé," dit le voyageur.
    "Pour notre deuxième souhait," continua l'homme, "nous voudrions être en bonne santé tous les deux, jusqu'à la fin de nos jours."
    "C'est accordé," répéta le voyageur.
    "Et pour notre troisième souhait," dit l'homme en regardant sa petite cabane, "nous aimerions que cette vieille cabane devienne une jolie petite maison neuve et confortable."
    Aussitôt dit, aussitôt fait ! La vieille cabane se transforma en une charmante petite maison, propre et accueillante.
    Le voyageur leur sourit une dernière fois et disparut. L'homme pauvre et sa femme comprirent alors que leur invité n'était pas un simple voyageur.

    Quelques jours plus tard, l'homme riche passa par là et vit la nouvelle maison. Étonné, il demanda à l'homme, qui n'était plus si pauvre :
    "Comment as-tu eu cette belle maison ?"
    L'homme lui raconta l'histoire du voyageur et des trois souhaits.
    L'homme riche devint tout vert de jalousie. "J'aurais dû le laisser entrer !" pensa-t-il. Il monta sur son cheval et partit à toute vitesse sur le chemin, espérant retrouver le voyageur.

    Il le trouva assis au bord de la route.
    "Oh, cher voyageur !" s'exclama le riche. "Si j'avais su qui vous étiez ! Moi aussi, je veux trois souhaits !"
    Le voyageur le regarda et dit : "Très bien. Tu auras trois souhaits. Mais choisis bien, car ils te seront accordés sur-le-champ."

    L'homme riche remonta sur son cheval, tout excité, en réfléchissant à ce qu'il allait demander. "De l'or ? Un château encore plus grand ?"
    Soudain, son cheval trébucha sur une pierre. L'homme riche, furieux, s'écria sans réfléchir :
    "Ah, stupide cheval ! J'aimerais que tu te casses le cou !"
    Et hop ! Le cheval tomba raide mort. Le premier souhait était exaucé.
    L'homme riche était maintenant à pied, furieux, et devait porter sa lourde selle. Sa femme, qui l'avait suivi de loin, arriva et commença à se plaindre : "C'est de ta faute ! Maintenant, il faut marcher !"
    L'homme riche, encore plus énervé par les reproches de sa femme et le poids de la selle, hurla :
    "Oh, j'aimerais que cette selle te reste collée dans le dos et que tu ne puisses plus t'en défaire !"
    Et hop ! La selle se colla instantanément au dos de sa femme, qui se mit à crier et à se débattre. Le deuxième souhait était exaucé.
    L'homme riche réalisa sa bêtise. Sa femme pleurait, la selle était collée à son dos, et il n'avait plus de cheval. Il ne lui restait qu'un seul souhait.
    Désespéré, il soupira : "Bon, eh bien... Je souhaite que ma femme soit débarrassée de cette selle !"
    Et hop ! La selle tomba par terre. Le troisième souhait était exaucé.

    Et voilà comment l'homme riche, à cause de sa colère et de son impatience, gaspilla ses trois souhaits. Il se retrouva sans cheval, avec une femme toujours aussi mécontente, et rien de plus qu'avant.
    Le couple autrefois pauvre, lui, vécut heureux et en bonne santé dans sa jolie maison, toujours prêt à partager le peu qu'il avait, se souvenant toujours de la visite du mystérieux voyageur.

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