• Le Renard et les Oies

    Contes de Grimm
    Dans une prairie verdoyante, un groupe d'oies joyeuses picorait tranquillement l'herbe fraîche. Elles étaient si contentes, caquetant et se dandinant sous le soleil.

    Soudain, qui voilà ? Un renard malin, le ventre gargouillant, apparut à l'orée du bois. Ses yeux brillèrent en voyant les oies dodues.
    "Ah, mes belles oies," dit-il en se léchant les babines, "vous allez faire un délicieux festin ! Je vais vous manger une par une."

    Les pauvres oies se mirent à trembler comme des feuilles. "Coin ! Coin ! Quelle peur !" s'écrièrent-elles.
    Mais une oie, un peu plus courageuse que les autres, s'avança.
    "Cher Monsieur Renard," dit-elle d'une petite voix, "avant de nous manger, pourriez-vous nous accorder une dernière faveur ? Laissez-nous chanter une dernière chanson ensemble. Une toute petite chanson."

    Le renard, qui pensait que cela ne durerait pas longtemps et qu'il aurait ensuite son repas, accepta. "D'accord," dit-il. "Mais faites vite, j'ai très faim !"

    Alors, toutes les oies se mirent à chanter. Et quel chant !
    "GA-GA-GA ! GA-GA-GA !" Elles chantaient de toutes leurs forces, sans s'arrêter. Le son était si fort qu'il résonnait dans toute la prairie.
    Le renard attendit. Une minute, deux minutes, dix minutes... Les oies chantaient toujours leur "GA-GA-GA !" sans jamais sembler vouloir finir.
    "Ça suffit maintenant !" cria le renard, les oreilles lui faisant mal. "Votre chanson est bien trop longue !"

    Mais les oies faisaient semblant de ne pas l'entendre et continuaient de plus belle : "GA-GA-GA-GA-GA !"
    Le renard commençait à perdre patience. Son estomac criait famine, et ce bruit incessant lui donnait mal à la tête.
    "Taisez-vous enfin !" hurla-t-il. Mais les oies chantaient encore et encore.

    Finalement, le renard, affamé et agacé par tout ce bruit, secoua la tête.
    "Tant pis pour vous !" grogna-t-il. "Je trouverai un repas plus silencieux ailleurs !" Et il partit en courant, la queue entre les jambes, pour échapper à ce concert interminable.

    Les oies, voyant le renard s'éloigner, arrêtèrent enfin leur "GA-GA-GA". Elles étaient sauvées ! Grâce à leur chanson qui n'en finissait pas, elles avaient été plus malines que le renard.
    Et elles retournèrent joyeusement picorer dans la prairie, en se promettant de toujours chanter ensemble si un danger approchait.

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