• Le Vent Déchaîné sur l'Enseigne

    Contes d'Andersen
    Dans une ville où les maisons se serraient les unes contre les autres, il y avait une rue très animée, pleine de boutiques. Et chaque boutique avait sa propre enseigne colorée pour dire aux passants ce qu'on y vendait.

    Il y avait deux peintres d'enseignes dans cette ville. L'un était jeune, plein d'idées nouvelles et un peu compliquées. Il aimait peindre des images qui racontaient des histoires profondes, des allégories, comme il disait. Pour un club de gens très instruits, il avait peint une dame très sérieuse avec un livre, entourée de plein de symboles bizarres que lui seul comprenait. C'était très artistique, pensait-il.

    L'autre peintre était plus âgé, sage et expérimenté. Lui, il aimait les choses simples et claires. Pour le poissonnier, il peignait un gros poisson argenté qui avait l'air de sauter hors de l'eau. Pour le cordonnier, une belle botte solide. Pour le boulanger, un pain doré et appétissant. Tout le monde comprenait tout de suite ce que ces enseignes voulaient dire.

    Un jour, un vent terrible se leva. Zouuuu! Ffffff! Il sifflait entre les maisons, faisait claquer les volets et secouait les arbres. C'était une vraie tempête! Le vent soufflait si fort qu'il arrachait tout sur son passage. Les enseignes se balançaient comme des feuilles, craquaient, et plouf! Beaucoup tombaient par terre avec un grand bruit.

    Le lendemain matin, quand le vent se calma enfin, quel désordre dans la rue! Des branches cassées partout, des tuiles envolées, et surtout, beaucoup d'enseignes abîmées ou disparues.

    La belle enseigne compliquée du jeune peintre, celle avec la dame et les symboles, était tombée et s'était cassée en mille morceaux. De toute façon, même avant la tempête, peu de gens comprenaient vraiment ce qu'elle représentait. Maintenant, c'était encore pire. Le club des gens instruits se grattait la tête.

    Mais les enseignes simples du vieux peintre? Si celle du poissonnier était un peu tordue, hop! il la redressait vite. Si celle du boulanger avait perdu un peu de peinture, il sortait ses pinceaux et la repeignait en un clin d'œil. Un nouveau poisson pour le poissonnier, un nouveau pain pour le boulanger, et tout le monde savait de nouveau où aller. C'était facile à réparer ou à refaire.

    Le jeune peintre regarda tout cela. Il vit comment les enseignes simples et claires étaient vite remises en place et comment elles aidaient vraiment les gens à trouver ce qu'ils cherchaient. Il commença à comprendre. Parfois, les choses les plus simples sont les meilleures, surtout quand le vent souffle fort!

    Et il se dit qu'un bon dessin, c'est peut-être celui que tout le monde comprend du premier coup et qui rend service. Depuis ce jour, il essaya de peindre des choses un peu moins compliquées, mais toujours avec beaucoup de cœur, pour que ses enseignes soient à la fois jolies et utiles.

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