• Les Deux Demoiselles

    Contes d'Andersen
    Dans un pays pas si lointain, vivaient deux jeunes filles. Elles étaient voisines, mais très différentes. L'une s'appelait Adélaïde. Elle venait d'une famille riche et était très fière, pensant toujours qu'elle était la meilleure. L'autre s'appelait Clara. Sa famille n'avait pas beaucoup d'argent, mais Clara avait un cœur d'or, toujours souriante et prête à aider.

    Un jour, Adélaïde alla chercher de l'eau à la fontaine du village. Une vieille dame, qui avait l'air très fatiguée et assoiffée, s'approcha d'elle. "Ma belle enfant," dit la vieille dame d'une petite voix, "pourrais-tu me donner un peu d'eau de ta cruche ? J'ai si soif."
    Adélaïde regarda la vieille dame avec mépris. "Allez chercher votre eau vous-même !" répondit-elle sèchement. "Je ne vais pas salir ma belle cruche pour vous."
    La vieille dame, qui était en réalité une fée déguisée, fronça les sourcils. "Puisque tu es si peu aimable," dit-elle, "je te jette un sort. Chaque fois que tu ouvriras la bouche pour parler, il en sortira des serpents et des crapauds !" Et la fée disparut. Adélaïde, effrayée, rentra chez elle en courant. Dès qu'elle ouvrit la bouche pour raconter ce qui s'était passé, un serpent et deux crapauds sautèrent sur le sol ! Sa mère fut horrifiée.

    Peu de temps après, ce fut au tour de Clara d'aller à la fontaine. La même vieille dame s'approcha d'elle. "Ma gentille enfant," dit-elle, "aurais-tu la bonté de me donner un peu d'eau ? Je suis si lasse."
    "Mais bien sûr, bonne dame !" répondit Clara avec un grand sourire. Elle rinça sa cruche et la remplit d'eau fraîche, puis la tendit poliment à la vieille dame.
    La fée sourit. "Tu as un cœur si bon et généreux," dit-elle. "Pour te récompenser, chaque fois que tu parleras, il sortira de ta bouche des fleurs parfumées et des pierres précieuses." Et la fée disparut.
    Clara rentra chez elle, un peu surprise. Quand elle raconta son aventure à sa mère, des roses, des jasmins, des diamants et des rubis tombèrent de ses lèvres. Sa mère était émerveillée et si heureuse.

    La mère d'Adélaïde, apprenant ce qui était arrivé à Clara, devint jalouse. Elle ordonna à sa deuxième fille, Fanchon, qui était aussi désagréable qu'Adélaïde, d'aller à la fontaine et d'être aimable avec la vieille dame pour recevoir le même cadeau.
    Fanchon y alla en râlant. Quand la fée, toujours déguisée, lui demanda de l'eau, Fanchon répondit d'un ton bourru : "Tenez, buvez si ça vous chante, mais dépêchez-vous !" Elle espérait secrètement les fleurs et les bijoux.
    Mais la fée vit bien que sa gentillesse n'était pas sincère. "Puisque ton cœur est aussi sec que celui de ta sœur," dit la fée, "tu auras la même punition qu'elle."
    Et quand Fanchon rentra chez elle et ouvrit la bouche, des vipères et des limaces en sortirent.

    Adélaïde et Fanchon devinrent si insupportables avec leurs paroles venimeuses que tout le monde les fuyait.
    Clara, elle, avec ses mots doux comme des fleurs et précieux comme des joyaux, était aimée de tous. Un jour, un jeune prince entendit parler de cette jeune fille extraordinaire. Il vint la rencontrer, fut charmé par sa beauté et sa bonté. Quand elle lui parla, des roses et des perles tombèrent à ses pieds. Le prince tomba amoureux d'elle sur-le-champ et l'épousa.
    Clara devint princesse et vécut heureuse, continuant toujours à être bonne et généreuse avec tout le monde.

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