• La Fille juive

    Contes d'Andersen
    Dans une petite ville pleine de maisons colorées et de rues pavées, vivait une jeune fille nommée Sarah. Elle avait des yeux brillants comme des étoiles et un sourire aussi doux que le miel. Sarah était juive, et à cette époque, dans cette ville, ce n'était pas toujours facile d'être différent.

    Un soir, alors que la neige tombait doucement, recouvrant tout d'un manteau blanc et silencieux, c'était la veille de Noël. Les lumières brillaient aux fenêtres des maisons, et on entendait des rires et des chants joyeux s'échapper des portes. La grande église au centre de la ville était toute illuminée, et une musique magnifique s'en élevait.

    Sarah rêvait de voir l'intérieur de cette église. Elle avait entendu parler des grandes orgues, des chants des enfants et de l'arbre immense décoré de mille feux. Mais on lui avait dit, un peu tristement : "Non, Sarah, tu ne peux pas entrer. Ce n'est pas pour toi."

    Son petit cœur se serra. Pourquoi pas pour elle ? Elle aimait tant la musique et les belles lumières. Alors, tout doucement, sur la pointe des pieds, elle s'approcha de la grande porte en bois de l'église. Elle trouva une toute petite fente, juste assez grande pour y glisser un œil curieux.

    Elle regarda. Oh, comme c'était merveilleux ! Des centaines de bougies scintillaient, faisant danser des ombres joyeuses sur les murs. L'orgue jouait une mélodie si belle qu'elle donnait envie de flotter dans les airs. Les gens chantaient ensemble, leurs voix s'élevant comme un seul souffle chaud et réconfortant. Ils parlaient d'amour, de paix et d'un petit enfant né dans une étable.

    Sarah écoutait, fascinée. Elle ne comprenait pas toutes les paroles, mais elle sentait la joie et la chaleur qui se dégageaient de l'église. Une larme roula sur sa joue, mais ce n'était pas une larme de tristesse. C'était comme si toute cette beauté entrait en elle par la petite fente.

    Elle ferma les yeux un instant, et il lui sembla entendre une voix très douce, comme un murmure du vent d'hiver, lui dire : "N'aie pas peur, petite Sarah. La beauté et l'amour sont pour tout le monde, pour toi aussi."

    Sarah sourit. Elle se sentit soudain très paisible, enveloppée d'une douce chaleur, malgré le froid de la neige. Elle s'assit contre la porte de l'église, sous les flocons qui continuaient de tomber comme de petites plumes. La musique la berçait. Elle se sentait si bien, si légère.

    Et doucement, très doucement, en écoutant les chants de Noël, Sarah s'endormit là, dans la neige, un léger sourire aux lèvres, comme si elle rêvait à la plus belle des fêtes.

    Le lendemain matin, quand le soleil se leva sur la ville toute blanche, les gens qui sortaient de chez eux trouvèrent la petite Sarah, endormie paisiblement près de la porte de l'église. Son visage était serein, et elle souriait encore. Ils comprirent que, même sans entrer, elle avait partagé la magie de cette nuit spéciale. Et peut-être, juste peut-être, certains pensèrent qu'ils auraient dû lui ouvrir la porte, et leur cœur, un peu plus grand.

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