Désigner un cerf comme un cheval
Fables chinoises
Au cœur d'un grand empire, vivait un empereur un peu distrait. Et dans ce palais, il y avait un ministre très, très important, nommé Zhao Gao. Zhao Gao aimait beaucoup le pouvoir, et il voulait savoir si tout le monde au palais l'écoutait vraiment, même quand il disait des choses un peu folles.
Un jour, Zhao Gao a eu une idée. Il a amené un beau cerf, avec de grands bois sur la tête, devant l'empereur et tous les autres ministres.
« Majesté, regardez ce magnifique cheval que je vous offre ! » dit Zhao Gao d'un air très sérieux.
L'empereur a cligné des yeux. Il a regardé l'animal, puis Zhao Gao, puis encore l'animal.
« Mais, Zhao Gao, » dit l'empereur doucement, « cela ressemble beaucoup à un cerf, non ? Il a des bois, et les chevaux n'ont pas de bois. »
Zhao Gao a souri, mais pas un sourire gentil. « Non, non, Majesté. C'est un cheval très spécial, un cheval de la meilleure qualité ! »
Puis, il s'est tourné vers les autres ministres et conseillers présents. « Et vous, qu'en pensez-vous ? N'est-ce pas un cheval extraordinaire ? »
Certains ministres, qui avaient un peu peur de Zhao Gao, se sont dépêchés de dire : « Oh oui, quel cheval splendide ! Absolument un cheval ! C'est le plus beau cheval que j'aie jamais vu ! » Ils ne voulaient pas de problèmes avec le puissant ministre.
D'autres, plus courageux ou peut-être juste un peu moins attentifs au danger, ont hésité. Un vieux conseiller a dit timidement : « Avec tout mon respect, monsieur le ministre, cela ressemble quand même beaucoup à un cerf. Regardez ses bois et sa queue. »
Quelques-uns ont même chuchoté entre eux que c'était bien un cerf.
Zhao Gao n'a pas du tout aimé ça. Son visage est devenu sévère. Il a bien noté qui avait dit que c'était un cerf et qui avait dit que c'était un cheval.
Plus tard, discrètement, il s'est arrangé pour que ceux qui avaient osé dire la vérité, c'est-à-dire que c'était un cerf, perdent leur travail ou aient d'autres ennuis. Ceux qui avaient dit que c'était un cheval, même en sachant que c'était faux, ont été récompensés.
L'empereur, lui, était toujours un peu perdu. Cheval ? Cerf ? Il ne savait plus trop quoi penser.
Et c'est ainsi que beaucoup de gens au palais ont appris qu'il valait parfois mieux dire que le cerf était un cheval, même si ce n'était pas vrai, juste pour ne pas fâcher le puissant Zhao Gao. C'est une drôle d'histoire, n'est-ce pas ? Mais elle nous montre que parfois, les gens ont peur de dire la vérité quand quelqu'un de très puissant veut entendre autre chose.
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