Dans un pays lointain, un vieux comte avait un fils unique. Malheureusement, ce garçon n'était pas très doué pour apprendre les choses sérieuses. Le comte se lamentait : "Mon fils ne comprend rien ! Que vais-je faire de lui ?"

Un jour, il décida : "Je vais l'envoyer chez un grand maître. Peut-être qu'il apprendra quelque chose d'utile."
Le fils partit donc chez le premier maître. Un an plus tard, il revint.
"Alors, mon fils," demanda le comte, plein d'espoir, "qu'as-tu appris ?"
"Papa," répondit le garçon, "j'ai appris ce que les chiens disent quand ils aboient !"
Le comte fut très déçu. "C'est tout ? Quel temps perdu ! Va chez un autre maître."

Le fils alla chez un deuxième maître. Un an s'écoula, et il revint.
"Et maintenant, qu'as-tu appris ?" s'impatienta le comte.
"Papa," dit le fils, "j'ai appris ce que les oiseaux chantent dans les arbres !"
Le comte se mit en colère. "Les chiens, les oiseaux ! Tu ne sers à rien ! Je vais t'envoyer chez un troisième maître, et si tu ne reviens pas avec un savoir respectable, je te chasserai !"

Le fils partit donc chez le troisième maître. Un an après, il était de retour.
Le comte, le visage sévère, demanda : "Alors ? Qu'as-tu appris cette fois ?"
"Papa," répondit le fils, tout joyeux, "j'ai appris ce que les grenouilles coassent dans la mare !"
Le comte explosa de fureur. "Des chiens, des oiseaux, et maintenant des grenouilles ! Tu es un incapable ! Serviteurs, emmenez-le dans la forêt et abandonnez-le !"

Les serviteurs eurent pitié du jeune homme. Au lieu de l'abandonner, ils le laissèrent s'enfuir et dirent au comte qu'il avait été dévoré par des bêtes sauvages.
Le jeune homme erra longtemps. Un soir, il arriva à un château où des chiens aboyaient furieusement, empêchant quiconque d'approcher. Mais lui comprit leurs aboiements : "Nous gardons un trésor, mais nous sommes affamés et enchaînés !"
Le jeune homme leur parla doucement dans leur langue, les calma, et ils le laissèrent passer. Il trouva un grand trésor, partagea de la nourriture avec les chiens et continua sa route, désormais riche.

Plus tard, en traversant une forêt, il entendit deux colombes discuter sur une branche.
"Sais-tu," dit l'une, "que le Pape à Rome vient de mourir ? Les cardinaux sont bien embarrassés, car une prophétie dit que le prochain Pape sera celui sur qui une colombe blanche se posera miraculeusement."
"Oh, comme c'est intéressant !" pensa le jeune homme, et il décida d'aller à Rome.

Arrivé à Rome, il entra dans la grande église au moment même où les cardinaux priaient pour un signe. Soudain, deux colombes d'une blancheur éclatante entrèrent en volant et se posèrent doucement sur les épaules du jeune homme.
"Un miracle !" s'écria la foule. "C'est lui le nouveau Pape !"
Et c'est ainsi que le jeune homme qui comprenait les animaux devint Pape.

Un jour, pendant qu'il célébrait la messe, il entendit un concert de coassements venant de sous le sol de l'église. C'étaient les grenouilles ! Il comprit ce qu'elles disaient : "Nous avons tellement soif ici, sous la terre ! L'eau nous manque !"
Le Pape ordonna aussitôt qu'on creuse à l'endroit indiqué par les coassements. Et que découvrit-on ? Une source d'eau fraîche et pure qui jaillit, apportant la joie à toute la ville !
Le jeune Pape, grâce aux langues étranges qu'il avait apprises, avait non seulement trouvé un trésor et accompli une prophétie, mais il avait aussi apporté l'eau à ceux qui en manquaient. Son père aurait été bien surpris de voir à quel point ces savoirs "inutiles" avaient rendu son fils sage et respecté.

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