• Attendre un lièvre au pied d'un arbre

    Fables chinoises
    Dans un petit village niché au creux des collines, vivait un fermier nommé Monsieur Wang. Chaque matin, il se rendait dans son champ pour travailler la terre. C'était un travail difficile, mais Monsieur Wang ne se plaignait jamais.

    Un jour, alors qu'il labourait son champ sous un soleil radieux, un bruit étrange le fit sursauter. CRAC ! Un petit lièvre, courant à toute vitesse, venait de percuter de plein fouet une vieille souche d'arbre qui se trouvait au bord du champ. Le pauvre lièvre tomba net, assommé.

    Monsieur Wang s'approcha, tout étonné. "Incroyable !" se dit-il. "Un lièvre, juste comme ça, sans que j'aie à lever le petit doigt !" Il ramassa le lièvre, tout content d'avoir un bon repas pour le soir.

    Le lendemain, une idée un peu folle germa dans la tête de Monsieur Wang. "Et si un autre lièvre faisait la même chose aujourd'hui ?" pensa-t-il. Au lieu de prendre sa houe pour travailler, il s'installa confortablement à côté de la souche d'arbre. Il attendit, les yeux fixés sur l'endroit où le lièvre s'était cogné.

    Le soleil monta haut dans le ciel, puis commença à redescendre. Monsieur Wang attendait toujours. Pas le moindre petit bout de fourrure à l'horizon. "Peut-être demain," se dit-il en rentrant chez lui, un peu déçu mais toujours plein d'espoir.

    Les jours suivants, Monsieur Wang fit la même chose. Il abandonna son travail dans les champs et passa toutes ses journées assis près de la souche, à guetter un nouveau lièvre distrait. Il attendit, attendit, et attendit encore.

    Pendant ce temps, dans son champ, les mauvaises herbes commençaient à pousser. La terre n'était plus retournée, les légumes ne poussaient plus. Les autres villageois, en passant, le voyaient assis là, à ne rien faire. Ils se demandaient bien ce qu'il fabriquait.

    Bien sûr, aucun autre lièvre ne vint jamais se cogner contre la souche. C'était un accident, une chance unique ! Monsieur Wang finit par comprendre qu'il ne pouvait pas compter sur la chance pour vivre. Il avait perdu beaucoup de temps, et son champ était en piteux état. Il se remit au travail, un peu honteux, mais ayant appris une bonne leçon.

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