• La Blanche et la Noire Mariée

    Contes de Grimm
    Écoutez bien cette histoire, qui ne commence pas par "il était une fois", mais plutôt par un chemin enneigé au cœur de l'hiver.

    Dans une petite maison vivait une jeune fille très gentille, avec sa belle-mère et sa demi-sœur. La belle-mère et sa propre fille, appelons-la Noirette, n'étaient pas très aimables avec la gentille fille, que nous appellerons Blanchefleur. Blanchefleur devait faire toutes les corvées, tandis que Noirette paressait toute la journée.

    Un jour d'hiver, alors que tout était couvert de neige, le Bon Dieu dit à la belle-mère : "Envoie ta fille et ta belle-fille cueillir des fraises dans la forêt. Celle qui en rapportera le plus épousera un prince charmant."

    La belle-mère, qui voulait que Noirette épouse le prince, donna à Blanchefleur un pauvre petit panier en papier et un bout de pain sec. À Noirette, elle donna un grand panier et de bonnes choses à manger.

    Blanchefleur, malgré le froid, partit courageusement. Dans la forêt, elle rencontra un petit homme gris qui lui demanda ce qu'elle cherchait. "Des fraises, monsieur," répondit-elle poliment. Le petit homme lui montra un endroit où, miracle, poussaient de belles fraises rouges sous la neige ! Blanchefleur remplit son petit panier et partagea même son pain sec avec le petit homme. En remerciement, il lui souhaita trois choses : qu'elle devienne chaque jour plus belle, que des pièces d'or tombent de sa bouche à chaque mot, et qu'un roi vienne l'épouser.

    Noirette, elle, fut impolie avec le petit homme et ne trouva aucune fraise. Elle rentra bredouille et de mauvaise humeur.

    Quand Blanchefleur rentra, des pièces d'or tombaient de sa bouche quand elle parlait, et elle était encore plus jolie. La belle-mère fut jalouse mais décida d'utiliser cela à son avantage. Elle prépara un carrosse pour aller au château du roi, car elle avait entendu dire qu'il cherchait une épouse.

    Pendant le voyage, la méchante belle-mère dit à Blanchefleur : "Enlève ta jolie robe et donne-la à Noirette. Toi, tu mettras ses vieux habits." Blanchefleur obéit tristement. Puis, arrivées près d'une rivière, la belle-mère et Noirette poussèrent Blanchefleur dans l'eau glacée ! Elles pensaient s'être débarrassées d'elle.

    Mais Blanchefleur ne se noya pas. Un grand canard blanc apparut et la tira sur la rive. Puis, pouf ! Le canard se transforma en une vieille femme qui était en fait une bonne fée. Elle dit à Blanchefleur : "Ne t'inquiète pas. Va au château, mais tu seras transformée en petite oie blanche. Chaque soir, tu pourras reprendre ta forme humaine pour un court instant."

    Au château, la belle-mère présenta Noirette au jeune roi, en disant que c'était elle qui parlait avec des pièces d'or. Mais quand Noirette ouvrit la bouche, ce furent des crapauds qui en sortirent ! Le roi fut très surpris.

    Pendant ce temps, une petite oie blanche errait dans la cour du château. Chaque soir, elle se cachait dans une petite remise et redevenait Blanchefleur. Un jeune serviteur la vit et fut émerveillé par sa beauté et les pièces d'or qui tombaient de sa bouche. Il raconta tout au roi.

    Le soir suivant, le roi se cacha et vit la transformation. Il entendit Blanchefleur pleurer son sort. Quand elle redevint une oie, il la prit doucement dans ses bras et dit : "N'aie plus peur." À cet instant, l'enchantement fut brisé, et Blanchefleur resta humaine, plus belle que jamais.

    Elle raconta toute son histoire au roi. Celui-ci, furieux de la tromperie, fit venir la belle-mère et Noirette. Il leur demanda : "Que mérite une personne qui a été si cruelle et menteuse ?"
    Sans savoir qu'elles parlaient d'elles-mêmes, elles répondirent : "Elle mérite d'être mise dans un tonneau rempli de clous et d'être traînée par des chevaux jusqu'à ce que mort s'ensuive !"
    "Ainsi soit-il," dit le roi. Et ce fut leur châtiment.

    Le jeune roi épousa la douce Blanchefleur. Des pièces d'or continuaient de tomber de sa bouche quand elle parlait, mais ce qui comptait le plus, c'est qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, et bien sûr, des fraises à volonté, même en hiver.

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