L'Enfant de l'Oiseau
Contes de Grimm
Au cœur d'une forêt touffue, où les arbres chuchotaient des secrets au vent, un garde-forestier faisait sa ronde. Soudain, il entendit un petit cri venant d'en haut. Il leva la tête et aperçut, niché dans un grand nid d'oiseau, un tout petit bébé !
"Par tous les sapins !" s'exclama le garde-forestier. Il grimpa avec précaution à l'arbre, prit le bébé tendrement dans ses bras et l'emporta chez lui. Comme il l'avait trouvé dans un nid, il décida de l'appeler Oiselet.
Oiselet grandit avec la propre fille du garde-forestier, une gentille fillette nommée Lina. Ils jouaient ensemble du matin au soir, partageant rires et secrets, et s'aimaient comme frère et sœur.
Mais dans la maison vivait aussi une vieille cuisinière, au visage renfrogné et au cœur sec. Ce que personne ne savait, c'est qu'elle était un peu sorcière et qu'elle n'aimait pas du tout Oiselet. Un jour, alors qu'elle préparait une grande marmite d'eau sur le feu, Lina l'entendit marmonner : "Demain, quand le garde-forestier sera parti chasser, je ferai bouillir cette eau bien fort. Et quand elle sera bouillante, j'y plongerai Oiselet pour le faire cuire et le manger !"
Lina, horrifiée, courut prévenir Oiselet. "Oh non !" s'écria Oiselet. "Nous devons nous enfuir, et vite !"
Le lendemain matin, avant même que le coq ne chante, Oiselet et Lina prirent leurs jambes à leur cou et s'enfuirent de la maison. Quand la vieille cuisinière se rendit compte de leur disparition, elle entra dans une colère noire. "Ils ne m'échapperont pas !" gronda-t-elle, et elle se lança à leur poursuite.
Après avoir couru un long moment, Oiselet se retourna et vit la cuisinière qui se rapprochait. "Vite, Lina !" dit-il. "Transforme-toi en rosier sauvage, et moi, je serai la rose sur une de tes branches !" Aussitôt dit, aussitôt fait. Quand la cuisinière arriva, elle vit un magnifique rosier couvert d'une seule rose éclatante. Elle voulut cueillir la rose, mais les épines du rosier la piquèrent si fort qu'elle laissa tomber son idée et continua son chemin, toujours aussi furieuse.
Un peu plus loin, Oiselet vit de nouveau la cuisinière à leurs trousses. "Vite, Lina !" dit-il. "Transforme-toi en église, et moi, je serai le lustre suspendu à l'intérieur !" Et hop ! Ils se transformèrent. La cuisinière arriva devant une petite église. Elle entra, regarda partout, chercha dans tous les coins, mais ne vit que des bancs et un lustre scintillant. "Ils ont dû passer par ici," se dit-elle, et elle repartit en maugréant.
Mais la cuisinière était tenace. Bientôt, Oiselet l'aperçut encore. "Vite, Lina !" dit-il une dernière fois. "Transforme-toi en étang, et moi, je serai le canard qui nage dessus !" En un clin d'œil, ce fut fait. La cuisinière arriva près de l'étang. Elle avait très soif après toute cette course. Elle se pencha pour boire l'eau de l'étang. Mais au moment où elle allait laper, le canard (qui était Oiselet) s'approcha vivement et la tira par le nez avec son bec, la faisant basculer dans l'eau. Plouf ! La méchante cuisinière tomba dans l'étang et coula au fond, et on ne la revit plus jamais.
Alors, Oiselet et Lina reprirent leur forme d'enfants. Ils étaient si heureux ! Ils rentrèrent tranquillement à la maison. Le garde-forestier fut fou de joie de les retrouver sains et saufs. Et à partir de ce jour, ils vécurent tous ensemble, heureux et sans plus jamais avoir peur de la méchante cuisinière.
1411 Vues