Pierre, sa femme et son petit garçon
Contes d'Andersen
Dans une petite maisonnette, nichée au cœur d'une grande forêt, vivait une famille : Pierre, sa femme, et leur petit garçon, appelons-le Petit Pierre. Ils n'étaient pas riches du tout, mais ils s'aimaient beaucoup. Pierre était bûcheron et travaillait dur, mais parfois, il n'y avait pas grand-chose à mettre dans les assiettes pour le dîner.
Un soir, alors que leurs estomacs criaient famine, Petit Pierre eut une idée lumineuse. "Papa, Maman," dit-il avec un clin d'œil, "et si on faisait semblant d'avoir un grand festin ?"
Pierre sourit. "Bonne idée, mon fils ! Alors, moi, je commence. Je vois une énorme miche de pain frais, encore chaude, avec du beurre qui fond dessus !"
La femme de Pierre applaudit. "Oh oui ! Et à côté, une grande soupière pleine de soupe aux légumes, bien fumante, avec des carottes, des pommes de terre et des petits pois !"
Petit Pierre sauta de joie. "Et pour moi, une montagne de crêpes avec du sucre ! Et du poulet rôti, bien doré !"
Ils se mirent à décrire chaque plat avec tant de détails et de plaisir qu'on aurait presque pu sentir les bonnes odeurs. Ils riaient, faisaient semblant de mâcher et de se régaler. "Mmm, ce poulet est délicieux !" disait Pierre. "Et cette tarte aux pommes que tu as imaginée, ma chérie, est la meilleure du monde !" ajoutait-il en regardant sa femme.
Or, ce soir-là, un marchand riche et un peu grincheux passait par là. Il entendit les rires et les exclamations joyeuses venant de la petite maison. Curieux, il s'approcha de la fenêtre et écouta. Il entendit parler de poulet, de tarte, de soupe... mais en regardant à l'intérieur, il ne vit qu'une table vide et trois visages souriants.
Le marchand fut très touché par cette famille qui trouvait le bonheur même avec si peu. Il comprit qu'ils étaient pauvres mais riches de joie et d'imagination.
Le lendemain matin, toc, toc, toc ! Quelqu'un frappa à la porte. C'était le marchand ! Il portait un grand panier rempli de pain frais, de fromage, de fruits, et même un poulet déjà cuit !
"J'ai entendu votre festin hier soir," dit le marchand avec un sourire. "Et j'ai pensé que vous aimeriez en avoir un vrai."
Pierre, sa femme et Petit Pierre n'en croyaient pas leurs yeux. Ils remercièrent chaleureusement le marchand. Ce jour-là, ils eurent le meilleur repas de leur vie, encore plus joyeux que leur festin imaginaire.
À partir de ce jour, la chance leur sourit un peu plus. Le marchand aida même Pierre à trouver plus de travail. Mais la famille n'oublia jamais cette soirée spéciale où, avec un peu d'imagination, ils avaient transformé une table vide en un joyeux festin. Et ils comprirent que le plus grand trésor, c'était d'être ensemble et de savoir trouver la joie dans les petites choses.
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