Dans un jardin où le soleil aimait jouer à cache-cache avec les feuilles, vivait un escargot qui se trouvait très important. Il habitait juste sous un magnifique rosier. Ce rosier, chaque printemps, se couvrait de roses si belles et si parfumées que tous les papillons et les abeilles venaient lui rendre visite.

L'escargot, lui, n'était pas impressionné. "Pff," disait-il en regardant les roses s'épanouir. "Tout ce que tu sais faire, c'est donner des fleurs. Moi, j'ai bien plus de choses en moi. J'ai le monde entier dans ma coquille !" Et il se retirait fièrement à l'intérieur, pensant être le plus sage.

Le rosier ne répondait pas. Il continuait simplement à offrir ses plus belles roses, sentant le soleil sur ses pétales et la rosée du matin. Il aimait sentir le vent léger faire danser ses feuilles.

"Tu ne comprends rien," continuait l'escargot un autre jour, en sortant un peu ses cornes. "Moi, je réfléchis. Je pense à des choses profondes. Toi, tu te contentes de fleurir. C'est si simple." Et parfois, il crachait un peu sur le rosier, juste pour montrer qu'il n'était pas d'accord avec cette façon de vivre.

Les saisons passaient. L'été apportait de nouvelles roses, l'automne les faisait tomber, et l'hiver endormait le jardin. L'escargot, lui, restait toujours le même, bien au chaud dans sa coquille, toujours aussi content de lui.

Le rosier, chaque année, donnait le meilleur de lui-même. Il offrait sa beauté et son parfum sans rien demander en retour. Les enfants venaient cueillir ses fleurs, les amoureux les offraient, et les oiseaux chantaient dans ses branches.

Un jour, après de nombreuses années, le rosier devint très vieux. Ses branches étaient un peu tordues, mais il donnait encore quelques jolies roses. L'escargot était toujours là, un peu plus ridé peut-être, mais toujours aussi persuadé d'avoir tout compris.

Finalement, le rosier, fatigué, laissa ses dernières feuilles tomber et retourna doucement à la terre, comme une partie du jardin qu'il avait tant embelli.

Et l'escargot ? Il était toujours là, dans sa coquille, pensant encore et toujours qu'il avait le monde en lui, sans jamais avoir partagé la moindre petite fleur ou le moindre petit sourire avec qui que ce soit. Il resta seul avec ses grandes pensées, tandis que le souvenir parfumé des roses flottait encore un peu dans l'air du jardin.

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