• Le Papillon

    Contes d'Andersen
    Un papillon, avec des ailes colorées comme un arc-en-ciel, voletait joyeusement dans un grand jardin. Il se sentait d'humeur à se marier et, bien sûr, il voulait la plus jolie des fleurs pour épouse. Il regarda autour de lui, très attentif.

    Il vit une petite Pâquerette blanche et jaune. "Bonjour, petite Pâquerette," dit-il. "Tu es mignonne." Mais en y regardant de plus près, il pensa : "Elle est gentille, mais peut-être un peu trop simple pour moi. Et il y en a tellement comme elle."

    Alors, il s'envola vers un Pois de senteur. "Ah, quelle élégance !" pensa-t-il. La fleur était délicate et parfumée. Mais il se dit : "Elle est si fragile. Si je la touche un peu trop fort, elle va peut-être se faner. Et puis, elle restera toujours à la maison, attachée à sa tige."

    Plus loin, il rencontra le Chèvrefeuille, avec ses longues trompettes jaunes et blanches. "Vous sentez si bon !" s'exclama le papillon. Mais le Chèvrefeuille avait déjà beaucoup de fleurs épanouies et d'autres un peu passées. "Hmm, un peu trop âgée pour moi, et un peu trop envahissante," murmura le papillon en s'éloignant.

    Il aperçut une Anémone, toute droite et fière. "Elle a du caractère," pensa-t-il. Mais en s'approchant, il la trouva un peu trop sérieuse, peut-être même un peu amère. "Non, merci," se dit-il.

    La petite Violette, cachée sous ses feuilles, lui fit un clin d'œil timide. "Oh, elle est charmante, si douce et modeste," pensa le papillon. "Mais un peu trop sentimentale, toujours à regarder par terre."

    Soudain, une Tulipe magnifique, rouge et jaune, attira son attention. "Quelle beauté ! Quelle prestance !" s'exclama-t-il. Il faillit la choisir sur-le-champ. Mais il réfléchit : "Elle est un peu trop voyante. Tout le monde la regarde. Et elle ne parle pas beaucoup."

    Le papillon continua son voyage, de fleur en fleur, mais aucune ne lui semblait parfaite. Il était devenu très difficile. Il vola vers le nord, puis vers le sud, cherchant toujours la fleur idéale.

    Un jour, il trouva une plante de Menthe. Elle n'était pas vraiment une fleur avec de grands pétales colorés, mais elle sentait si bon, si frais. "Madame la Menthe," dit-il poliment, "vous n'êtes pas une fleur, mais vous avez un parfum si agréable. Voulez-vous être ma fiancée ?"
    La Menthe sourit doucement. "Cher papillon," répondit-elle, "je suis une herbe, pas une fleur pour les mariages. Et pour être honnête, je suis un peu vieille pour ces choses-là. Mais nous pouvons être amis, si tu veux."

    Le papillon était un peu triste et déçu. Le temps commença à se gâter, et une grosse pluie se mit à tomber. Les belles ailes du papillon furent toutes mouillées. Il avait froid et cherchait un abri.
    Il vit une maison et essaya d'entrer par le trou de la serrure pour se mettre au sec. Mais zut ! Il resta coincé. Il ne pouvait ni avancer ni reculer.

    Le lendemain matin, quand le soleil revint, des enfants trouvèrent le papillon. "Oh, regarde, un joli papillon !" dirent-ils. Ils le prirent avec précaution.
    Le papillon se retrouva bientôt dans une boîte, avec d'autres papillons et insectes, soigneusement épinglé sur un morceau de liège. Ce n'était pas tout à fait le mariage qu'il avait imaginé.
    "Ah," pensa le pauvre papillon, "si seulement j'avais choisi une de ces jolies fleurs quand j'en avais l'occasion. Être trop difficile ne m'a pas vraiment aidé." Et il resta là, une belle décoration, mais un papillon bien seul.

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