• L'Âne et le Chien

    Fables d'Ésope
    Dans une jolie petite ferme, vivaient un âne et un petit chien. L'âne s'appelait Martin, et il travaillait dur toute la journée, transportant de lourds sacs de grain ou tirant la charrette de son maître. Le petit chien, lui, s'appelait Flocon. Il ne faisait pas grand-chose à part courir partout, aboyer joyeusement et sauter sur les genoux de son maître.

    Chaque soir, quand le maître rentrait, Flocon lui faisait la fête. Il remuait la queue si fort que tout son petit corps frétillait, il léchait les mains du maître et poussait des petits jappements contents. Le maître riait, caressait Flocon derrière les oreilles et lui donnait souvent un petit bout de fromage ou un biscuit.

    Martin l'âne observait tout cela depuis son étable. "Regarde-moi ça," pensait Martin. "Flocon ne fait rien de fatigant, et pourtant, le maître l'adore et lui donne des friandises. Moi, je travaille comme un fou, et je n'ai que du foin et de l'eau. Peut-être que si j'agissais comme Flocon, le maître m'aimerait autant et me donnerait aussi des bonnes choses !"

    Alors, le lendemain soir, quand le maître arriva, Martin décida de mettre son plan à exécution. Au lieu de rester sagement dans son coin, il se mit à courir vers le maître. Il essaya de remuer sa petite queue courte, mais ça ne ressemblait pas du tout à la danse joyeuse de Flocon. Puis, il tenta de sauter sur le maître pour lui lécher le visage, comme faisait le petit chien. Mais Martin était grand et lourd ! Au lieu d'un câlin, le maître reçut une grosse poussée. Et pour couronner le tout, Martin se mit à braire de toutes ses forces, pensant imiter les jappements joyeux de Flocon. "Hiiii-han! Hiiii-han!"

    Le maître fut très surpris et pas du tout content. "Mais enfin, Martin ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu es devenu fou ?" cria-t-il en essayant de se dégager. Il n'avait pas l'habitude de voir son âne se comporter ainsi. Ce n'était pas mignon, c'était plutôt effrayant ! Il appela vite ses aides qui, avec quelques coups de bâton pas trop méchants mais fermes, ramenèrent Martin à son étable.

    Le pauvre Martin était tout triste et ne comprenait pas. Il avait juste voulu être aimé comme Flocon. Plus tard, en ruminant son foin, il commença à comprendre. Ce qui est charmant et amusant chez un petit chien joueur ne l'est pas du tout chez un grand âne travailleur. Chacun a sa propre façon d'être utile et apprécié, et il vaut mieux rester soi-même.

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