• Le Lion et le Taureau

    Fables d'Ésope
    Imaginez un lion, appelons-le Léo. Léo avait un très, très gros appétit ce jour-là. Dans le pré d'à côté, broutait tranquillement un magnifique taureau, que nous appellerons Ferdinand. Ferdinand était grand, fort, avec des cornes impressionnantes.

    Léo le lion regardait Ferdinand et se léchait les babines. "Miam, quel délicieux repas il ferait !" pensa Léo. Mais il savait aussi que Ferdinand était bien trop costaud pour être attaqué de front. Il fallait être plus malin.

    Alors, Léo eut une idée. Il s'approcha de Ferdinand avec son plus charmant sourire (pour un lion, bien sûr).
    "Bonjour Ferdinand, mon ami !" dit Léo d'une voix douce. "Sais-tu, j'ai abattu un mouton aujourd'hui, et j'aimerais partager ce festin avec toi. Voudrais-tu venir dîner chez moi ce soir ?"

    Ferdinand fut un peu surpris. Un lion qui l'invite à dîner ? C'était inhabituel. Mais l'idée d'un bon repas était tentante.
    "Oh, c'est très gentil de ta part, Léo," répondit Ferdinand. "J'accepte avec plaisir !"

    Le soir venu, Ferdinand se rendit à la tanière de Léo. En arrivant, il vit Léo affairé près d'un immense feu. À côté du feu, il y avait de très grandes marmites, des broches énormes et une collection de couteaux longs et bien aiguisés. Mais... Ferdinand ne voyait aucun signe du mouton promis. Pas la moindre trace de viande, à part celle qui était encore sur ses propres os !

    Ferdinand regarda le grand feu, puis les énormes ustensiles de cuisine, puis Léo qui souriait d'une façon un peu trop large. Soudain, Ferdinand comprit. Ce n'était pas un mouton que Léo comptait cuisiner !

    "Dis-moi, Léo," commença Ferdinand, en reculant prudemment d'un pas ou deux. "Si ce festin était vraiment pour moi, comme tu le dis, pourquoi aurais-tu besoin d'un si grand feu et d'outils aussi gigantesques ? On dirait que tu te prépares à cuisiner quelque chose de bien plus gros qu'un simple invité... ou qu'un mouton !"

    Sans attendre la réponse de Léo, Ferdinand tourna les talons et s'enfuit à toutes jambes, aussi vite que ses sabots pouvaient le porter.

    Léo resta là, un peu penaud, avec son grand feu, ses marmites vides et ses couteaux inutiles. Son estomac gargouillait toujours, et il comprit qu'il devrait chercher un dîner un peu moins ambitieux, et surtout, un peu moins malin que lui.

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