Connaissez-vous l'histoire d'une jeune fille nommée Adeline? Elle était douce et travailleuse, mais sa belle-mère et la fille de celle-ci, Ursule, qui n'était jamais contente, la traitaient comme une petite servante. Adeline faisait toutes les corvées, du matin jusqu'au soir, sans jamais se plaindre.

Un jour d'hiver, alors que tout était blanc de neige, la méchante belle-mère dit à Adeline : "Va me chercher un panier plein de fraises des bois. Si tu reviens sans, tu verras!"
Adeline se mit à pleurer. Comment trouver des fraises sous la neige? Mais elle obéit et partit dans la forêt glacée. Là, elle rencontra une petite vieille dame toute ridée avec un sourire malicieux.
"Pourquoi pleures-tu, mon enfant?" demanda la vieille dame.
Adeline lui raconta son problème. La vieille dame tapota son nez et dit : "Regarde bien sous ce grand sapin."
Adeline chercha, et oh surprise! Un tapis de fraises rouges et sucrées poussait là, comme par magie. Elle remplit vite son panier, remercia chaleureusement la vieille dame et courut à la maison.
La belle-mère et Ursule furent très étonnées, mais elles mangèrent toutes les fraises sans même en offrir une seule à Adeline.

Le lendemain, la belle-mère eut une autre idée encore plus difficile. "Prends cette cuillère avec des trous," dit-elle, "et vide toute l'eau de l'étang avant la nuit!"
Adeline était désespérée. Comment faire avec une cuillère pareille? Elle retourna près de l'étang, et qui vit-elle? La même gentille vieille dame!
"Ne t'en fais pas," dit la vieille dame. Elle fit un petit geste de la main, et hop! L'étang se vida comme si on avait retiré un bouchon géant.
Adeline la remercia encore plus fort. La belle-mère fut verte de jalousie mais ne dit rien.

Le troisième jour, la belle-mère exigea l'impossible : "Tu vas me construire un château magnifique, ici même, avant que le soleil ne se couche. Et il doit être plus beau que celui du roi!"
Adeline pensa que cette fois, c'était vraiment la fin. Mais la petite vieille dame apparut une fois de plus.
"Ferme les yeux, ma belle," dit-elle. Adeline obéit. Quand elle les rouvrit, un château étincelant, avec des tours d'or et des fenêtres en diamant, se dressait devant elle.
"Ce château est pour toi," dit la vieille dame. "Mais attention, ta belle-mère va vouloir te le prendre. Cache-toi bien."

Juste à ce moment-là, un jeune prince qui passait par là à cheval vit le château scintillant. "Incroyable!" s'écria-t-il. Il s'approcha.
La belle-mère et Ursule se précipitèrent. "C'est notre château, Prince! C'est nous qui l'avons fait apparaître!" mentirent-elles.
Le prince regarda Ursule, qui essayait de sourire gentiment mais ressemblait plutôt à un crapaud surpris. Il n'était pas très convaincu.
La belle-mère avait enfermé Adeline dans la cave à charbon. Elle dit au prince qu'Ursule serait une épouse merveilleuse.

Pendant ce temps, Adeline, grâce à un petit coup de pouce magique de la vieille dame qui lui avait laissé une plume enchantée, se transforma en gardienne d'oies. Elle sortait chaque jour avec ses oies, passant près du château. Elle chantait une petite chanson triste :
"Petit château, si beau, si grand,
Construit pour moi, en un instant.
Mais une autre y vit maintenant,
Et moi, je pleure en y pensant."

Un jour, le prince entendit sa voix douce et mélodieuse. Il s'approcha de la gardienne d'oies.
Soudain, la plus grosse oie se mit à parler : "Coin-coin! C'est elle la vraie fiancée, la bâtisseuse du château! Pas l'autre, pas l'autre!"
Le prince regarda Adeline de plus près. Même sous ses habits simples, il vit sa gentillesse et sa beauté.
À cet instant, la vieille dame apparut. D'un geste, elle redonna à Adeline ses beaux vêtements et sa véritable apparence.
"Voici la véritable princesse du château," annonça-t-elle.

La belle-mère et Ursule furent si honteuses et si fâchées qu'elles s'enfuirent et on ne les revit jamais.
Le prince, charmé par la douceur et le courage d'Adeline, lui demanda sa main. Ils se marièrent dans le magnifique château et vécurent heureux pour toujours, n'oubliant jamais la gentille vieille dame et ses oies bavardes.

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