• Lise la maigre

    Contes de Grimm
    Dans un petit village niché entre des collines verdoyantes, vivait une femme nommée Lise. Lise n'était pas méchante, oh non, mais elle avait un petit souci : elle était terriblement paresseuse. Son mari, Hans, était un homme travailleur et patient, mais parfois, la paresse de Lise le mettait à l'épreuve.

    Un jour, Hans dit à Lise : "Ma chère Lise, pourrais-tu filer cette belle laine que nous avons ? Nous avons besoin de fil."
    Lise regarda la quenouille et la laine, puis bâilla. "Oh, Hans," dit-elle, "je le ferais bien, mais vois-tu, je n'ai pas de dévidoir pour enrouler le fil une fois qu'il sera filé. Comment faire ?"
    "Tu as raison," dit Hans. "Je vais aller t'en chercher un."

    Quand Hans revint avec un beau dévidoir neuf, Lise le regarda et dit : "C'est un très beau dévidoir, Hans. Mais maintenant, pour faire une belle écheveau, il me faudrait un asple. Sans asple, le fil sera tout emmêlé."
    Hans soupira doucement. "Très bien, Lise, je vais te trouver un asple."

    Hans partit et revint avec un asple solide. Lise l'examina. "Merveilleux, Hans ! Mais... pour tisser ce fil, il me faudra un métier à tisser. Que faire sans métier à tisser ?"
    Hans commençait à comprendre que Lise trouvait toujours une excuse. Il eut alors une idée.
    "Tu sais quoi, Lise ?" dit-il d'un air malicieux. "Tu as tout à fait raison. Je vais aller en ville et acheter une nouvelle quenouille, un nouveau dévidoir, un nouvel asple et un tout nouveau métier à tisser ! Comme ça, tu auras tout ce qu'il faut."

    En entendant cela, Lise eut soudain très peur. Si Hans rapportait tous ces nouveaux outils, elle n'aurait plus aucune excuse pour ne pas travailler !
    "Oh non !" pensa-t-elle. "Il faut que je finisse vite avec les anciens outils avant qu'il ne revienne, sinon il verra que je n'ai rien fait !"
    Alors, dès que Hans eut le dos tourné, Lise se précipita. Elle attrapa la quenouille et commença à filer la laine si vite et si mal que le fil était plein de nœuds. Puis elle prit le dévidoir et tenta d'enrouler le fil, mais tout s'emmêla. Elle essaya ensuite avec l'asple, mais ce fut encore pire. Elle fit un tel gâchis qu'elle cacha vite la laine abîmée sous la paille.

    Quand Hans revint (sans rien de neuf, bien sûr, c'était une ruse), il demanda : "Alors, Lise, as-tu bien travaillé ?"
    Lise, essayant de paraître occupée, répondit : "Oh oui, Hans, j'ai presque tout fini !"
    Hans regarda autour de lui et ne vit rien. Il sourit. Il savait bien que Lise n'avait rien fait de bon.

    "Bon," dit Hans, "puisque tu es si douée pour finir les choses, peut-être pourrais-tu aller au champ couper de l'herbe pour notre vache ? Elle a faim."
    Lise pensa que couper de l'herbe était moins fatigant que de filer. Elle prit donc une faucille et un panier et partit vers le champ.
    Une fois arrivée, le soleil était chaud et l'herbe était douce. Lise coupa une petite brassée d'herbe, puis elle s'assit pour manger le goûter que Hans lui avait préparé. Après avoir bien mangé, elle se sentit fatiguée. Elle s'allongea dans l'herbe et s'endormit profondément.

    Pendant qu'elle dormait, un coquin passa par là. Voyant Lise endormie avec sa faucille à côté d'elle, il eut une drôle d'idée. Il prit doucement la faucille et, avec des ciseaux qu'il avait, il coupa une grande partie de la robe de Lise, la laissant très courte. Puis il s'enfuit en riant.

    Lise se réveilla bien plus tard, quand le soleil commençait à se coucher. Elle se sentit toute chose, un peu perdue. Elle regarda sa robe et s'étonna : "Tiens, ma robe est devenue courte ! Est-ce bien moi, Lise ? Ou alors, ce n'est pas moi ?"
    Elle chercha sa faucille, mais ne la trouva pas. "Si c'est moi, Lise, j'avais une faucille. Si ce n'est pas moi, alors je n'en avais pas." Elle était très confuse.

    Elle rentra lentement vers sa maison. Arrivée devant la porte, elle hésita, puis frappa doucement.
    Hans, qui était à l'intérieur, demanda : "Qui est là ?"
    Lise, ne sachant toujours pas si elle était elle-même, répondit d'une petite voix : "Est-ce que Lise est à la maison ?"
    Hans, pensant que c'était une voisine ou que Lise faisait une plaisanterie, répondit : "Oui, oui, elle est dedans, sans doute en train de se reposer après son dur travail."
    "Ah !" se dit Lise. "Alors, si Lise est déjà à la maison, ce n'est définitivement pas moi."
    Et, toute désorientée, elle s'en alla sur le chemin et personne ne la revit jamais dans ce village. Hans, lui, continua de travailler, mais il se demanda souvent ce qui était arrivé à sa paresseuse Lise.

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