• Les Douze Serviteurs paresseux

    Contes de Grimm
    Dans un pays pas si lointain que ça, vivaient douze serviteurs. Mais attention, pas n'importe quels serviteurs ! Non, non, ceux-là étaient les champions du monde... de la paresse ! Leur devise ? "Pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on peut remettre à demain... ou à jamais !"

    Chaque matin, c'était la même chanson.
    Le premier disait : "Moi, si je dois m'allonger pour dormir, je ne prends même pas la peine de fermer les yeux. C'est trop fatigant !"
    Le deuxième répondait : "Ah ça ! Moi, si une mouche se pose sur mon nez, je la laisse. La chasser ? Trop d'effort !"
    Le troisième s'exclamait : "Et moi donc ! Si on me donne une soupe brûlante, j'attends qu'elle refroidisse toute seule. Souffler dessus ? Jamais de la vie !"
    Le quatrième faisait : "Pff, si je suis assis et que je veux me coucher, je me laisse tomber. Me lever pour m'allonger ? Quelle idée !"
    Le cinquième ajoutait : "Moi, si je dois tirer une charrette, je préfère m'asseoir dedans et attendre que quelqu'un d'autre la tire."
    Le sixième disait : "Et moi, si je vois une pomme tomber de l'arbre, je me couche dessous et j'attends qu'elle me tombe dans la bouche."
    Le septième continuait : "Moi, si je dois marcher, je préfère rouler. C'est moins fatigant pour les jambes."
    Le huitième expliquait : "Moi, quand il pleut, je reste sous la pluie. Chercher un abri, c'est trop de travail."
    Le neuvième affirmait : "Moi, si on me demande l'heure, je dis 'plus tard'. Regarder l'horloge, quelle perte de temps !"
    Le dixième soupirait : "Moi, je ne parle que si c'est absolument nécessaire. Ouvrir la bouche, c'est déjà un effort."
    Le onzième murmurait : "Moi, je rêve d'être encore plus paresseux, mais c'est trop fatigant d'y penser."
    Et le douzième concluait : "Et moi, je suis tellement paresseux que je n'ai même pas d'idée pour dire à quel point je suis paresseux. C'est vous dire !"

    Un jour, ces douze champions décidèrent de partir à l'aventure... enfin, une aventure où l'on ne ferait rien, bien sûr. Ils se couchèrent donc au bord d'un chemin et attendirent.
    Passa par là un roi qui cherchait justement des serviteurs.
    "Bonjour braves gens !" dit le roi. "Que faites-vous là ?"
    Le premier, avec un effort immense, expliqua leur "philosophie".
    Le roi, au lieu de se fâcher, trouva cela très amusant.
    "Parfait !" s'exclama-t-il. "J'ai justement besoin de gens qui ne se fatiguent pas trop vite. Venez à mon château !"
    Et c'est ainsi que les douze serviteurs les plus paresseux du monde trouvèrent un travail où leur talent principal était... de ne rien faire. Ils vécurent heureux et très, très reposés au service du roi. Et le roi ? Il disait souvent en souriant : "Au moins, avec eux, je suis sûr qu'ils ne cassent rien par excès de zèle !"

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