Les Douze Chasseurs
Contes de Grimm
Figurez-vous un jeune prince, appelons-le Victor. Il était fiancé à une princesse adorable, appelons-la Clara, et ils s'aimaient beaucoup. Leur mariage était prévu pour bientôt, et tout le royaume se réjouissait.
Mais un jour, le papa de Victor, le vieux roi, tomba gravement malade. Sur son lit de mort, il fit promettre à Victor : "Mon fils, tu dois épouser la princesse d'un royaume voisin, celle que j'ai choisie pour toi il y a longtemps." Victor, le cœur lourd, promit, car il ne voulait pas désobéir à la dernière volonté de son père.
Quand Clara apprit la nouvelle, elle fut si triste que son cœur faillit se briser. Mais Clara était une princesse pleine de ressources ! Elle rassembla onze de ses dames de compagnie qui lui ressemblaient beaucoup. "Mes amies," dit-elle, "nous allons nous habiller en chasseurs. Nous irons au château du prince Victor et nous lui offrirons nos services."
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Douze jeunes gens, vêtus comme des chasseurs adroits, avec des chapeaux à plumes et des arcs, arrivèrent à la cour du prince Victor, qui était maintenant roi. Victor fut impressionné par leur allure et les engagea sur-le-champ, sans reconnaître sa chère Clara parmi eux.
Le nouveau roi Victor avait un lion très intelligent dans son palais, un lion qui pouvait même parler un peu. Un soir, le lion dit au roi : "Majesté, ces douze chasseurs que vous avez engagés... je crois que ce sont des filles !"
Le roi Victor rit. "Quelle drôle d'idée, mon lion !"
Mais pour en avoir le cœur net, le roi ordonna qu'on répande des petits pois dans l'antichambre le lendemain. "Si ce sont des femmes," pensa-t-il, "elles marcheront sur la pointe des pieds, avec précaution. Si ce sont des hommes, ils marcheront d'un pas ferme."
Clara, qui avait entendu le lion, prévint ses amies. Le lendemain, les douze "chasseurs" traversèrent la salle d'un pas si assuré que les pois roulèrent de tous côtés. Le lion eut l'air un peu penaud.
Quelques jours plus tard, le lion insista : "Majesté, je suis sûr que ce sont des filles !"
Alors, le roi fit placer douze rouets (des machines pour filer la laine) dans une autre pièce par laquelle les chasseurs devaient passer. "Si ce sont des femmes," se dit-il, "elles s'arrêteront pour admirer ces beaux rouets."
Mais Clara avait encore tout deviné ! Quand les douze chasseurs passèrent, ils ne jetèrent même pas un regard aux rouets. Le lion ne savait plus quoi penser.
Un jour, pendant une grande chasse en forêt, un messager arriva au galop. "Majesté ! Votre fiancée, la princesse choisie par votre père, arrive au château !"
En entendant cela, Clara se sentit si mal qu'elle laissa tomber son gant et faillit s'évanouir. Le roi Victor, toujours galant, sauta de son cheval pour ramasser le gant. En le regardant, il reconnut une petite broderie que Clara avait faite. Il leva les yeux vers le "chasseur" et, soudain, il la reconnut ! "Clara ?" murmura-t-il.
Clara enleva son chapeau, et ses longs cheveux tombèrent sur ses épaules. Oui, c'était bien elle !
Le roi Victor comprit alors combien Clara l'aimait pour avoir imaginé un plan aussi audacieux. Son cœur se remplit de joie. Il prit la main de Clara et dit : "C'est toi que j'aime, et c'est toi que j'épouserai !"
Il envoya un message très poli à l'autre princesse, lui expliquant la situation et lui souhaitant beaucoup de bonheur. Puis, il organisa un mariage magnifique avec sa Clara. Et le lion ? Il fut invité d'honneur et promit de ne plus jamais juger les gens sur leur apparence. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'aventures, mais c'est une autre histoire.
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