Le Jardin du Paradis
Contes d'Andersen
Savez-vous ce qui est arrivé à un jeune prince qui rêvait d'un endroit magique ? Ce prince n'était pas comme les autres. Il ne s'intéressait pas beaucoup aux châteaux ni aux grandes fêtes. Non, lui, il voulait trouver le Jardin du Paradis, un lieu dont sa grand-mère lui avait raconté des merveilles.
Un jour, il décida de partir à sa recherche. "Mais où se trouve ce jardin ?" se demanda-t-il. Il pensa : "Les Vents ! Ils voyagent partout, ils doivent savoir !"
Il alla d'abord voir le Vent du Nord. Brrr, quel froid ! Le Vent du Nord était un vieil homme à la barbe de glace, tout emmitouflé. "Jardin du Paradis ?" gronda-t-il. "Jamais entendu parler ! Je suis trop occupé à apporter la neige et le gel !" Et il souffla un vent si glacial que le prince dut vite s'éloigner.
Ensuite, le prince rencontra le Vent d'Ouest. C'était un gaillard sauvage, avec des feuilles dans les cheveux et l'odeur de la pluie. "Le Jardin du Paradis ?" dit-il en riant. "J'ai secoué toutes les forêts, fait danser les vagues de l'océan, mais un jardin comme ça, non, je ne l'ai pas vu."
Puis vint le Vent du Sud, chaud comme une journée d'été en Afrique. Il portait des odeurs d'épices et de sable chaud. "Des déserts immenses, des pyramides mystérieuses, oui !" expliqua-t-il. "Mais un jardin fleuri comme celui que tu cherches, ce n'est pas par chez moi."
Le prince commençait à être un peu triste. Mais voilà que s'approcha doucement le Vent d'Est. Il était jeune, souriant, et sentait bon les fleurs et les fruits. Sur son dos, il portait sa vieille maman, la Mère des Vents, qui dormait paisiblement.
"Le Jardin du Paradis ?" dit le Vent d'Est avec un clin d'œil. "Ah, oui ! Je le connais bien. C'est de là que je viens. Veux-tu que je t'y emmène ?"
Le cœur du prince fit un bond ! "Oh, oui, s'il te plaît !"
"Alors, grimpe sur mon dos, à côté de Maman," proposa le Vent d'Est.
Et hop ! Ils s'envolèrent, plus vite que les oiseaux, au-dessus des montagnes et des mers. Finalement, ils arrivèrent devant une grotte cachée derrière un rideau de lianes fleuries. "C'est ici," murmura le Vent d'Est.
Le prince entra. Oh, merveille ! C'était encore plus beau que dans ses rêves. Des fleurs qui chantaient doucement, des rivières de cristal, des arbres chargés de fruits qui brillaient comme des bijoux, et des oiseaux aux plumes multicolores. Au centre du jardin se tenait une fée, si belle que le prince en resta bouche bée. C'était la Fée du Jardin.
"Bienvenue, prince," dit-elle d'une voix douce comme une mélodie. "Tu peux rester ici et être heureux. Mais attention, il y a une seule règle : ne m'embrasse jamais sur les lèvres. Si tu le fais, le jardin disparaîtra pour toi, et tu devras repartir."
Le prince promit. Il passa des jours merveilleux. Il jouait avec les animaux, goûtait aux fruits délicieux, et écoutait les histoires de la fée. Il était si heureux ! Mais plus il passait de temps avec la fée, plus il la trouvait belle et gentille. Et il avait très, très envie de l'embrasser.
Un soir, alors qu'ils regardaient les étoiles scintiller, le prince oublia l'avertissement. Il se pencha et déposa un baiser sur les lèvres de la fée.
Aussitôt, un grand coup de vent, et pouf ! Le prince se retrouva tout seul dans la grotte sombre et froide d'où il était parti avec le Vent d'Est. Le Jardin du Paradis avait disparu. Le prince se mit à pleurer.
Le Vent d'Est, qui revenait, le trouva en larmes. "Ne pleure pas," dit-il gentiment. "Ce jardin n'est pas pour toujours pour ceux qui cèdent à la tentation si vite. Tu as vu sa beauté, mais tu n'as pas su respecter la règle."
Le prince était très triste d'avoir tout gâché.
"Cependant," ajouta le Vent d'Est, "si tu vis une vie bonne et joyeuse sur Terre, si tu apprends à être patient et sage, un jour, tu trouveras un paradis encore plus merveilleux, et celui-là, tu pourras y rester pour toujours."
Le prince comprit. Il remercia le Vent d'Est et retourna dans son royaume. Il n'oublia jamais le Jardin du Paradis, ni la leçon qu'il avait apprise. Et il essaya, chaque jour, d'être un peu meilleur, en espérant ce paradis promis.
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