• Les Cigognes

    Contes d'Andersen
    Dans un petit village niché au creux des collines, une famille de cigognes avait élu domicile sur le toit le plus haut. Papa Cigogne et Maman Cigogne étaient très fiers de leurs petits cigogneaux qui grandissaient vite dans leur grand nid douillet.

    En bas, dans la rue, des enfants jouaient. La plupart étaient un peu coquins et aimaient taquiner les cigognes. Ils chantaient une drôle de chanson : "Cigogne, cigogne, claque de ton bec ! Tes petits sont partis, plus un seul avec !"

    Mais il y avait un garçon, nommé Pierre, qui n'aimait pas cette chanson. Il trouvait les cigognes magnifiques et leur souhaitait toujours le bonjour.

    Maman Cigogne entendait la chanson et se mettait en colère. "Ces vilains enfants ! Ils mériteraient une bonne leçon !" disait-elle en fronçant ses plumes.
    Papa Cigogne, plus calme, secouait la tête. "Ne t'énerve pas, ma chérie. Nous nous souviendrons des méchants, mais nous récompenserons aussi le gentil Pierre."

    L'automne arriva, et la famille cigogne s'envola vers les pays chauds, là où le soleil brille toujours. C'était un long voyage au-dessus des montagnes et des mers.

    En Égypte, elles entendirent parler d'un étang magique où dormaient tous les bébés humains, attendant d'être livrés à leurs familles. Chaque bébé était un petit rêve endormi. Papa et Maman Cigogne pensèrent alors à leur retour au village.

    Au printemps suivant, les cigognes revinrent, portant de précieux paquets dans leurs becs.
    Pour les garçons qui avaient chanté la vilaine chanson, les cigognes ne déposèrent rien du tout sur leurs cheminées. Ou peut-être juste un petit bébé fait de brume, qui disparut avec le soleil du matin. Ils furent bien déçus de ne pas avoir de nouveau petit frère ou petite sœur.

    Mais chez Pierre, quelle surprise ! Une cigogne déposa délicatement un adorable petit frère (ou une petite sœur, l'histoire ne le dit pas précisément !) qui gazouillait joyeusement. Pierre était si heureux ! Il avait toujours souhaité avoir un compagnon de jeu.

    Et les autres enfants comprirent que se moquer n'apportait rien de bon, alors que la gentillesse, elle, pouvait apporter les plus beaux des cadeaux. Depuis ce jour, ils saluèrent toujours poliment les cigognes sur le toit.

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