• Pierre le Chanceux

    Contes d'Andersen
    Imaginez un petit garçon qui est né avec un cadeau très spécial, une petite membrane sur la tête, comme un bonnet de fée. On disait que c'était un signe de grande chance. Ce petit garçon s'appelait Pierre.

    Pierre grandit dans une famille simple mais pleine d'amour. Il n'avait pas beaucoup de jouets, mais il avait une voix d'or. Quand il chantait, les oiseaux s'arrêtaient pour l'écouter et les fleurs semblaient sourire. Sa maman disait toujours : "Pierre, tu as un rossignol dans la gorge !"

    Un jour, Pierre décida de tenter sa chance à la grande ville. "Je veux devenir chanteur d'opéra !" annonça-t-il. Ses parents, un peu tristes de le voir partir, lui donnèrent une grosse bise et lui souhaitèrent bonne route.

    Arrivé en ville, Pierre fut d'abord un peu perdu. Tout était si grand, si bruyant ! Mais il n'oublia pas son rêve. Il rencontra un monsieur très gentil, Monsieur Gabriel, qui dirigeait un grand théâtre. Quand Monsieur Gabriel entendit Pierre chanter, ses yeux s'illuminèrent. "Incroyable ! Quelle voix !" s'exclama-t-il.

    Et voilà que Pierre devint une étoile ! Tout le monde venait l'écouter chanter. Il portait de beaux costumes et recevait des montagnes de fleurs. Il tomba amoureux d'une très belle jeune fille nommée Félix, qui venait d'une famille riche. Pierre pensait être le plus heureux des hommes. Il avait la gloire, l'argent, et l'amour de Félix. Parfois, il oubliait un peu sa petite maison et ses parents au village.

    Mais un jour, patatras ! Pierre tomba malade. Et sa voix, sa magnifique voix, s'envola comme un oiseau effrayé. Il ne pouvait plus chanter ces notes si hautes qui faisaient rêver le public. Quand Félix apprit cela, elle devint distante. "Sans ta voix, tu n'es plus le grand Pierre," lui dit-elle avant de le quitter.

    Le cœur de Pierre était brisé. Plus de voix, plus de Félix, plus d'applaudissements. Il se sentait si seul. Il décida de retourner dans son village natal.

    Là-bas, tout était plus calme. Ses parents l'accueillirent avec des bras grands ouverts. Il retrouva ses amis d'enfance et les joies simples : le chant des oiseaux (les vrais, cette fois !), l'odeur du pain chaud, les promenades dans la forêt.

    Un jour, il rencontra une jeune fille du village, douce et souriante, qui s'appelait Lise. Lise n'avait jamais entendu parler du grand chanteur d'opéra. Elle aimait Pierre pour sa gentillesse, pour ses histoires, et pour le petit air qu'il fredonnait parfois, d'une voix un peu cassée mais pleine de tendresse.

    Pierre comprit alors quelque chose d'important. Sa "chance" de naissance, ce n'était pas la célébrité ou la richesse. Sa vraie chance, c'était de trouver le bonheur dans les choses simples, et l'amour sincère de Lise et de sa famille. Sa voix revint doucement, pas aussi puissante qu'avant, mais plus chaleureuse. Il chantait pour Lise, pour ses amis, pour le plaisir. Et il était, enfin, vraiment heureux. Pierre le Chanceux avait trouvé sa véritable fortune.

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