Sur une île verdoyante, caressée par le soleil et la mer, vivaient deux frères très différents. L'aîné s'appelait Prince de la Mer, car il était un pêcheur extraordinaire. Chaque jour, il revenait avec des paniers remplis de poissons brillants. Le cadet, lui, c'était le Prince des Montagnes. Il adorait chasser dans les forêts et connaissait tous les secrets des animaux.

Un jour, le Prince des Montagnes eut une idée. "Grand frère," dit-il, "si on échangeait nos outils pour une journée ? J'aimerais essayer de pêcher, et toi, tu pourrais chasser." Le Prince de la Mer trouva l'idée amusante et accepta. Il donna son hameçon magique, celui qui attrapait toujours les plus beaux poissons, à son petit frère, et prit son arc et ses flèches.

Mais voilà, le Prince des Montagnes n'était pas doué pour la pêche. Il lança la ligne, attendit, mais rien ne mordit. Soudain, un gros poisson tira fort et... plouf ! L'hameçon magique tomba au fond de l'océan. Le Prince des Montagnes fut très embêté.

Quand le Prince de la Mer revint de la chasse (sans avoir attrapé grand-chose, car ce n'était pas son talent), il demanda son hameçon. En apprenant qu'il était perdu, il se mit très en colère. "C'était mon hameçon préféré ! Tu dois me le retrouver !" cria-t-il. Le Prince des Montagnes proposa de lui en fabriquer mille autres, mais son frère refusa. Il voulait CELUI-LÀ, et aucun autre.

Le pauvre Prince des Montagnes était si triste. Il s'assit au bord de la mer, ne sachant plus quoi faire. C'est alors qu'un vieil homme à la longue barbe blanche apparut. "Pourquoi es-tu si malheureux, jeune prince ?" demanda-t-il gentiment. Le Prince des Montagnes lui raconta son histoire.

Le vieil homme, qui était un sage esprit de la mer, lui dit : "Ne t'inquiète pas. Je vais t'aider. Monte dans ce petit panier tressé, il te mènera au palais du Dieu Dragon, le roi de l'océan. Lui seul pourra t'aider."

Le Prince des Montagnes obéit. Le panier glissa sur l'eau, puis plongea sous les vagues, l'emmenant dans un monde merveilleux. Il arriva devant un magnifique palais fait de coraux et de perles. Près d'un puits, une très belle princesse peignait ses longs cheveux noirs. C'était Toyotama, la fille du Dieu Dragon. Dès qu'ils se virent, ils tombèrent amoureux.

Le Prince des Montagnes fut accueilli au palais. Il épousa la princesse Toyotama et vécut trois années de bonheur, oubliant presque son frère et l'hameçon perdu. Mais un jour, il se souvint de sa tristesse et de la colère de son frère. Toyotama, voyant son chagrin, en parla à son père, le Dieu Dragon.

Le Dieu Dragon ordonna à tous les poissons de se rassembler. "L'un de vous a-t-il avalé un hameçon ?" demanda-t-il. Un gros poisson rouge, qui avait mal à la gorge depuis quelque temps, s'avança timidement. Et voilà ! L'hameçon magique était coincé dans sa gorge. On le récupéra avec précaution.

Avant que le Prince des Montagnes ne reparte, le Dieu Dragon lui donna deux joyaux magiques. "Celui-ci," dit-il en lui tendant une perle brillante, "fait monter les eaux de la mer. Et celui-là," ajoutant une autre perle, "les fait redescendre. Utilise-les avec sagesse." Il lui rendit aussi l'hameçon, mais il l'avait un peu ensorcelé pour qu'il porte malheur à celui qui l'utiliserait avec méchanceté.

Le Prince des Montagnes remonta à la surface et retrouva son frère. Il lui rendit l'hameçon. Mais, comme le Dieu Dragon l'avait prévu, dès que le Prince de la Mer essaya de pêcher, plus aucun poisson ne mordit. Il devint pauvre et jaloux. Un jour, plein de rage, il attaqua son frère.

Alors, le Prince des Montagnes sortit le joyau qui fait monter les eaux. Aussitôt, la mer se mit à gonfler, à monter, menaçant d'engloutir le Prince de la Mer. "Au secours ! Je vais me noyer !" cria-t-il, terrifié. Son frère utilisa alors l'autre joyau, et les eaux redescendirent.

Le Prince de la Mer, trempé et effrayé, comprit sa leçon. Il promit de ne plus jamais être méchant et de respecter son frère. Et c'est ainsi que le Prince des Montagnes, grâce à son courage et à l'aide du monde sous-marin, ramena la paix et devint un grand chef aimé de tous.

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