Dans le pays de Qi vivait un homme qui avait une très grosse inquiétude. Chaque matin, en ouvrant les yeux, il regardait le ciel bleu avec de grands yeux ronds, persuadé qu'il allait lui tomber sur la tête. "Et si le ciel tombait aujourd'hui ?" se disait-il. "Et si la terre s'ouvrait sous mes pieds ?"

À force de s'inquiéter comme ça, il ne mangeait plus très bien et ne dormait presque plus la nuit. Il était toujours fatigué et avait l'air tout triste.

Un de ses amis, en le voyant si pâle et soucieux, vint lui rendre visite. "Mais qu'est-ce qui te tracasse autant ?" lui demanda l'ami.

L'homme répondit d'une petite voix, en regardant nerveusement le plafond : "J'ai tellement peur que le ciel nous tombe dessus ! Et si la terre se mettait à trembler et à s'effondrer ? Ce serait terrible, nous serions tous écrasés !"

Son ami sourit gentiment. "Mais non, regarde le ciel," dit-il en montrant l'immense étendue bleue. "Le ciel, c'est juste de l'air, beaucoup, beaucoup d'air, tout autour de nous et très haut au-dessus. Nous marchons et respirons dans l'air tout le temps, n'est-ce pas ? Pourquoi tomberait-il ?"

L'homme inquiet cligna des yeux. "De l'air ? Mais alors, le soleil, la lune et les étoiles ?"

"Ah," continua l'ami avec patience, "le soleil, la lune et les étoiles sont comme de jolies lumières qui flottent très haut dans cet air. Elles sont là-haut depuis toujours et elles y restent, bien tranquilles. Elles ne vont pas tomber, ne t'en fais pas."

"Et la terre ?" demanda encore l'homme, toujours un peu anxieux, en tapant du pied sur le sol. "Elle ne va pas s'ouvrir ?"

"La terre," expliqua l'ami en souriant, "est faite de terre, de roches, elle est très solide et épaisse. Nous marchons dessus, nous courons, nous construisons nos maisons dessus chaque jour. Elle est bien trop forte pour s'effondrer comme ça, sans raison."

L'homme écouta attentivement son ami. Il réfléchit un long moment, en regardant le ciel, puis ses pieds. Les explications de son ami semblaient logiques. Le ciel était de l'air, et la terre était solide.

Peu à peu, son visage s'éclaira. Un petit sourire apparut. "Tu as peut-être raison," dit-il. "C'est vrai que le ciel est toujours resté là-haut, et la terre sous mes pieds n'a jamais bougé."

Ce jour-là, pour la première fois depuis longtemps, l'homme mangea avec appétit. Et la nuit suivante, il dormit comme un bébé, sans plus aucune peur que le ciel ne lui tombe sur la tête ou que la terre ne disparaisse. Ses grosses inquiétudes s'étaient envolées, comme des petits nuages poussés par le vent.

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