Le Cheval et l'Âne
Fables d'Ésope
Un beau matin, sous un ciel bleu comme une pervenche, un marchand se préparait pour un long voyage. Avec lui, il avait un cheval fier et élégant, et un pauvre âne, déjà un peu courbé par l'habitude du travail.
Le marchand chargea l'âne avec de gros sacs remplis de marchandises. Les sacs étaient si lourds que les pattes de l'âne tremblaient un peu. Le cheval, lui, ne portait qu'une petite sacoche légère, et il trottait fièrement, la tête haute.
Après quelques heures de marche sous le soleil, l'âne commença à se sentir très fatigué. Il respirait fort et chaque pas était difficile. Il regarda le cheval qui marchait à côté de lui, l'air frais et dispos.
"Oh, mon ami cheval," haleta l'âne d'une petite voix, "s'il te plaît, pourrais-tu m'aider un peu ? Si tu prenais juste un de mes sacs, je me sentirais tellement mieux. Je suis épuisé."
Le cheval secoua sa belle crinière. "Pourquoi ferais-je cela ?" répondit-il d'un ton un peu moqueur. "Chacun sa charge, mon cher. Ce n'est pas mon problème si tu es faible. Moi, je dois rester élégant pour notre arrivée."
Le pauvre âne soupira tristement et continua à avancer, tirant sur ses dernières forces. Mais bientôt, ses jambes ne purent plus le porter. Il trébucha, et plouf ! Il tomba sur le chemin, incapable de se relever. Il était si fatigué qu'il ferma les yeux et ne bougea plus.
Le marchand, voyant cela, fut bien embêté. Il essaya de relever l'âne, mais c'était trop tard. Alors, il regarda le cheval.
"Bon," dit le marchand, "puisque l'âne ne peut plus rien porter, c'est toi qui vas devoir tout prendre."
Et hop ! Le marchand déchargea tous les gros sacs de l'âne et les mit sur le dos du cheval. Et pour ne rien perdre, il ajouta même la peau de l'âne par-dessus tout le reste !
Le cheval sentit le poids énorme sur son dos. Il pliait sous la charge. "Oh là là," gémit-il en avançant péniblement. "Si seulement j'avais écouté ce pauvre âne et pris un petit sac ! Maintenant, je dois porter toute sa charge, et même sa peau ! C'est bien pire que ce qu'il m'avait demandé."
Et c'est ainsi que le cheval, en suant et en peinant, comprit qu'un petit effort pour aider un ami aurait pu lui éviter un bien plus grand fardeau.
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