Le Maître Voleur
Contes de Grimm
Écoutez bien l'histoire d'un jeune homme qui s'appelait, disons, Léo. Léo n'était pas méchant, mais il avait un rêve un peu spécial : devenir le plus habile des voleurs ! Non pas pour faire du mal, mais pour montrer son intelligence.
Un jour, il alla voir son parrain, qui était un Comte riche et puissant. "Parrain," dit Léo, "je veux devenir un maître voleur."
Le Comte fronça les sourcils. "C'est un métier dangereux, Léo. Mais si tu es si malin, prouve-le. Je te donne trois défis. Si tu réussis, tu seras libre. Sinon, attention à toi !"
Le premier défi : "Tu dois voler mon cheval préféré, Flocon, qui est dans l'écurie gardée par mes meilleurs soldats."
Léo réfléchit. Le soir venu, il se déguisa en vieille femme avec un panier plein de bouteilles de vin. Il s'approcha des gardes. "Mes braves, vous avez l'air fatigués. Buvez un peu de ce bon vin pour vous réchauffer."
Les gardes, contents, burent le vin. Mais Léo y avait mis une poudre pour endormir ! Bientôt, tous les gardes ronflaient comme des sonneurs. Léo entra doucement dans l'écurie, caressa Flocon, et partit avec lui sans faire de bruit.
Le lendemain matin, le Comte fut très étonné de ne plus voir Flocon. "Ce Léo est malin !" pensa-t-il.
Le deuxième défi : "Cette nuit, tu devras voler le drap de dessous mon lit pendant que ma femme et moi dormons, et aussi la bague que ma femme porte à son doigt."
Voilà un défi difficile ! Léo eut une idée. Il prit une échelle et la posa contre la fenêtre de la chambre du Comte. Puis, il alla chercher un mannequin qu'il avait fabriqué, l'habilla avec de vieux vêtements et le pendit à un arbre bien en vue, comme si c'était un voleur attrapé.
Quand le Comte entendit un petit bruit à la fenêtre, il regarda dehors et vit le mannequin. "Ah ! Je t'ai eu, voleur !" cria-t-il, et il tira un coup de fusil sur le mannequin.
Alors Léo, caché dans l'ombre, se mit à gémir d'une voix fantomatique : "Ooooh, Comte, vous m'avez tué ! Je suis le fantôme du voleur ! Pour que mon âme repose en paix, donnez-moi le drap de votre lit et la bague de votre femme !"
Le Comte et la Comtesse eurent si peur qu'ils jetèrent immédiatement le drap par la fenêtre, et la Comtesse lança sa bague. Léo attrapa tout et disparut en silence.
Le Comte, le lendemain, était encore plus impressionné.
Le troisième défi, le plus difficile : "Tu dois me voler le curé et le sacristain de l'église."
Léo se gratta la tête. Puis il sourit. La nuit, il alla au bord de la rivière et attrapa un sac plein de crabes. Sur la carapace de chaque crabe, il colla une toute petite bougie allumée. Puis, il les lâcha dans le cimetière à côté de l'église.
Le curé et le sacristain, qui priaient tard, virent par la fenêtre des petites lumières qui bougeaient partout dans le cimetière. "Un miracle !" s'écria le curé. "Ce sont les âmes des défunts qui montent au ciel !"
À ce moment, Léo, déguisé avec une longue barbe blanche et une grande robe, comme un saint, entra dans l'église. D'une voix grave, il dit : "Mes frères, je suis Saint Pierre ! Le Paradis vous attend. Entrez vite dans ce sac, et je vous y emmène !"
Le curé et le sacristain, tout joyeux et excités, sautèrent dans le grand sac que Léo tenait ouvert. Aussitôt, Léo ferma le sac, le mit sur son dos et le porta jusqu'au château du Comte.
"Voici votre curé et votre sacristain, Monsieur le Comte !" dit Léo en ouvrant le sac.
Le Comte éclata de rire en voyant les deux hommes d'église tout confus sortir du sac. "Léo," dit-il, "tu es vraiment le plus grand des maîtres voleurs ! Tu as gagné. Tu es libre. Mais promets-moi de ne plus utiliser tes talents dans mon comté !"
Léo promit. Il remercia le Comte et partit chercher d'autres aventures, peut-être pour devenir un jour un célèbre détective, qui sait ? Car il était très intelligent, ce Léo !
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