Près d'un lac tranquille où l'eau brillait comme un miroir, vivaient deux oiseaux bien différents : un cormoran tout noir et une huppe avec une jolie crête sur la tête.

Le cormoran était un pêcheur incroyable. Plouf! Il plongeait et ressortait presque toujours avec un poisson frétillant dans son bec. La huppe, elle, était plus douée pour se pavaner avec sa belle coiffure que pour attraper des poissons. Souvent, son bec revenait vide, et cela la rendait un peu grognon.

Chaque jour, elle voyait le cormoran se régaler de poissons luisants, alors qu'elle picorait de maigres vers. La jalousie commença à grandir dans son petit cœur d'oiseau.

Un matin, la huppe eut une idée, pas très gentille d'ailleurs. Elle s'approcha du cormoran et lui dit d'un air malicieux :
"Cher cormoran, tu es si fort pour pêcher. Mais je parie que je peux rester sous l'eau plus longtemps que toi !"

Le cormoran, qui ne se doutait de rien et aimait bien les défis, accepta tout de suite. "D'accord, huppe ! Montre-moi ce que tu sais faire !"

Mais la huppe avait un plan secret. Discrètement, pendant que le cormoran se préparait, elle trouva une petite pierre et l'attacha avec une algue fine à l'une des pattes du cormoran. Le cormoran, tout excité par le jeu, ne sentit rien.

"Prêts ? Plongeons !" cria la huppe.
Au signal, ils plongèrent tous les deux dans l'eau fraîche du lac. La huppe fit semblant de descendre profondément, puis remonta vite à la surface en battant des ailes, comme si elle manquait d'air.

Le pauvre cormoran, lui, alourdi par la pierre à sa patte, descendait, descendait... Il eut très peur ! Il essayait de remonter, mais la pierre le tirait vers le fond. Avec toutes ses forces, il réussit enfin à se défaire de la pierre et à remonter à la surface, haletant et tout mouillé. Il avait avalé beaucoup d'eau.

Pendant ce temps, la huppe s'était déjà envolée. Elle voletait au-dessus du lac en criant "Houp-houp-houp !", comme pour dire "Regardez comme je suis haute et maligne !"

Depuis cette mésaventure, le cormoran a perdu sa belle voix claire. Quand il essaie de parler ou de chanter, il ne sort qu'un son rauque et étranglé, un peu comme "Roc-roc-roc". C'est tout ce qu'il peut faire après avoir failli se noyer. Et il se méfie beaucoup des oiseaux trop vantards avec de jolies crêtes. La huppe, elle, continue de parader, mais elle n'a jamais plus osé défier le cormoran.

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