• La belle Catherine-Lise et Pif Paf Poultrie

    Contes de Grimm
    Dans un petit village niché entre des collines verdoyantes, vivait une jeune fille nommée Catherine Lajeunesse. Ses parents pensaient qu'elle était la plus intelligente des filles, et ils étaient très fiers d'elle.

    Un jour, un jeune homme du nom de Pif Paf Poltrie vint demander la main de Catherine.
    "Bien sûr," dirent les parents, "mais elle doit nous montrer à quel point elle est maligne."
    Pendant que Pif Paf Poltrie attendait dans le salon, la maman de Catherine dit : "Catherine, ma chérie, va à la cave nous chercher une bonne cruche de bière."

    Catherine prit une cruche et descendit joyeusement à la cave. En attendant que la bière coule du tonneau, elle regarda autour d'elle. Soudain, elle aperçut une pioche que le maçon avait oubliée, juste au-dessus du tonneau.
    "Oh là là !" pensa Catherine. "Si j'épouse Pif Paf Poltrie, et que nous avons un enfant, et que cet enfant grandit, et qu'on l'envoie chercher de la bière, la pioche pourrait lui tomber sur la tête et le tuer !" Et à cette idée, la belle Catherine Lajeunesse se mit à pleurer à chaudes larmes.

    En haut, ils attendaient la bière. "Que fait donc Catherine ?" dit la maman. Elle envoya la servante voir.
    La servante descendit et trouva Catherine en train de pleurer devant le tonneau. "Pourquoi pleures-tu, Catherine ?" demanda-t-elle.
    "Hélas," répondit Catherine, "si j'épouse Pif Paf Poltrie, et que nous avons un enfant, et qu'on l'envoie chercher de la bière, cette pioche pourrait le tuer !"
    "Oh, quelle terrible pensée !" dit la servante, et elle se mit à pleurer avec Catherine.

    Comme elles ne remontaient pas, le papa envoya le valet de ferme. Il les trouva toutes les deux en larmes. Après avoir entendu l'explication, il s'écria : "Quelle prévoyance, Catherine !" et se mit à pleurer avec elles.

    Finalement, le papa et la maman Lajeunesse descendirent ensemble, suivis de près par Pif Paf Poltrie, qui commençait à s'impatienter. Quand ils virent tout ce monde en pleurs et entendirent la raison, ils s'exclamèrent tous : "Oh, notre Catherine est si intelligente, si prévoyante !"
    Pif Paf Poltrie fut très impressionné. "Une jeune fille aussi sage et réfléchie," dit-il, "c'est exactement la femme qu'il me faut ! Je l'épouse !"

    Ils se marièrent donc. Quelque temps après, Pif Paf dit à Catherine : "Femme, je vais travailler aux champs. Toi, va couper le blé pour que nous ayons du pain."
    "D'accord, mon cher Pif Paf," répondit Catherine. Mais elle pensa : "Avant de travailler, je vais bien manger. Et avant de bien manger, je vais faire une petite sieste."
    Elle se prépara un bon repas, le mangea, puis s'allongea dans le champ de blé et s'endormit profondément.

    Pif Paf Poltrie rentra à la maison et ne vit pas Catherine. "Elle est si travailleuse, ma Catherine," pensa-t-il, "elle est sûrement encore en train de couper le blé."
    Quand Catherine se réveilla, il faisait déjà presque nuit. Elle se frotta les yeux, un peu perdue. "Suis-je moi, ou ne suis-je pas moi ?" se demanda-t-elle. Pour être sûr de la retrouver et d'entendre si elle travaillait, Pif Paf avait attaché de petites clochettes à ses vêtements avant qu'elle ne parte. À chaque mouvement, les clochettes tintaient.

    Elle se leva et, ne sachant plus qui elle était, elle courut vers son village. Elle arriva devant sa propre maison et frappa à la porte.
    "Qui est là ?" demanda Pif Paf de l'intérieur.
    "Est-ce que Catherine Lajeunesse est à la maison ?" demanda-t-elle.
    Pif Paf, entendant les clochettes au loin et pensant qu'elle était toujours dans le champ, répondit : "Oui, oui, elle est dedans, enfin, elle doit être encore dans le champ à faire tinter ses clochettes."
    "Ah !" dit Catherine dehors. "Alors, ce n'est pas moi."
    Et elle s'enfuit en courant à travers le village, ses clochettes tintant dans la nuit, et personne ne la revit jamais.

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