Le petit Hermès ouvrit les yeux pour la première fois dans une grotte fraîche et silencieuse. Sa maman, la nymphe Maïa, lui souriait tendrement. Mais Hermès n'était pas un bébé comme les autres. À peine né, il avait déjà envie d'aventure ! Alors que Maïa dormait, hop ! Il sauta de son berceau, aussi agile qu'un chaton.

Dehors, le soleil brillait sur des champs verdoyants. Et là, Hermès vit un troupeau de magnifiques vaches, grasses et paisibles. C'étaient les vaches sacrées d'Apollon, le dieu du soleil et de la musique. Une idée espiègle traversa l'esprit du petit dieu. "Ces vaches seraient bien mieux à s'amuser ailleurs !" pensa-t-il.

Très astucieusement, il fit marcher les cinquante vaches à reculons pour que leurs empreintes indiquent la direction opposée. Pour lui-même, il fabriqua de drôles de sandales avec des branchages pour ne pas laisser de traces claires. Quel filou ! Il conduisit ainsi le troupeau jusqu'à une autre grotte bien cachée.

Sur le chemin du retour, il trouva une carapace de tortue. "Oh, intéressant !" se dit-il. Avec des boyaux de deux vaches qu'il avait mises de côté (chut, c'est un secret !) et la carapace, il fabriqua un instrument de musique. En pinçant les cordes, un son merveilleux s'en échappa. C'était la première lyre ! Fier de son invention et de sa ruse, il retourna vite dans son berceau et fit semblant de dormir profondément, comme le plus innocent des bébés.

Quand Apollon vint compter ses vaches, il fut très surpris et très en colère. "Où sont passées mes vaches ?" cria-t-il. Il chercha partout, mais les traces à l'envers le rendaient perplexe. Un vieux berger lui raconta avoir vu un tout petit enfant guider un troupeau d'une manière étrange. Apollon comprit tout de suite et se précipita vers la grotte de Maïa.

"Ton fils a volé mes vaches !" accusa Apollon. Maïa, surprise, regarda son bébé qui baillait. "Mon Hermès ? Mais il est né hier ! Il ne ferait pas de mal à une mouche."
Hermès ouvrit un œil et dit d'une petite voix : "Des vaches ? C'est quoi, des vaches ? J'étais ici, dans mon lit, à rêver."

Apollon n'était pas convaincu. Il emmena Hermès devant Zeus, le roi des dieux. Zeus, qui voyait tout, ne put s'empêcher de sourire devant la malice de son jeune fils. "Hermès," dit Zeus d'une voix douce mais ferme, "il est temps de dire la vérité."

Alors, Hermès avoua son escapade et où il avait caché les vaches. Apollon était toujours fâché, mais soudain, Hermès sortit sa lyre et commença à jouer une mélodie si belle, si entraînante, qu'Apollon en oublia sa colère. Ses yeux s'illuminèrent.

"Cet instrument est incroyable !" s'exclama Apollon. "Je te pardonne et je te laisse les vaches si tu me donnes cette lyre !"
Hermès accepta avec un grand sourire. Apollon fut si enchanté par la lyre qu'il donna aussi à Hermès son bâton de berger doré, qui devint le caducée, le symbole du messager des dieux.

Et c'est ainsi que le petit Hermès, dès son premier jour, montra son intelligence et sa ruse, et devint l'ami d'Apollon, grâce à un vol de vaches et à l'invention de la musique.

1167 Vues