• Anne la Lispeth

    Contes d'Andersen
    La dernière soirée de l'année était arrivée, et avec elle, un vent glacial qui faisait claquer des dents. Dans les rues sombres et gelées, une petite fille nommée Hannah avançait pieds nus. Ses petites mains serraient une boîte d'allumettes qu'elle espérait vendre. Mais les gens pressés rentraient chez eux pour fêter le Nouvel An, et personne ne faisait attention à elle.

    Hannah avait si froid et si faim. Elle n'osait pas rentrer chez elle sans avoir vendu la moindre allumette, car son père serait sûrement très en colère. Elle trouva un petit coin entre deux maisons, à l'abri du vent, et s'assit. Ses doigts étaient gourds de froid.

    Pour se réchauffer un peu, elle sortit une allumette de la boîte et la frotta contre le mur. Craque ! Une petite flamme jaune et chaude jaillit. Hannah approcha ses mains. Comme c'était agréable ! Elle eut l'impression d'être assise devant un grand poêle en fer, tout chaud et réconfortant. Mais, pouf ! L'allumette s'éteignit, et le poêle disparut. Hannah se retrouva de nouveau dans le froid.

    Elle frotta une deuxième allumette. Cette fois, la lumière éclaira le mur, qui devint transparent comme un voile. Hannah vit une table magnifiquement dressée, avec une nappe blanche, des assiettes brillantes et, au milieu, une oie rôtie qui sentait délicieusement bon ! L'oie sauta même de son plat et s'avança vers elle. Mais l'allumette s'éteignit, et il ne resta plus que le mur froid et humide.

    Hannah alluma une troisième allumette. Oh ! La voilà transportée sous un immense sapin de Noël, encore plus beau que celui qu'elle avait aperçu à travers la fenêtre d'une riche maison. Des milliers de bougies brillaient sur les branches vertes, et des images colorées semblaient lui sourire. Hannah tendit la main vers elles… et l'allumette s'éteignit. Toutes les lumières du sapin montèrent, montèrent dans le ciel, et se transformèrent en étoiles.

    L'une d'elles tomba, traçant une longue ligne de feu dans la nuit. "Quelqu'un est en train de mourir," pensa Hannah. Sa vieille grand-mère, la seule personne qui l'avait aimée et qui était maintenant au ciel, lui avait dit : "Quand une étoile tombe, c'est une âme qui monte vers Dieu."

    Elle frotta encore une allumette contre le mur. Une grande clarté se fit, et dans cette lumière, Hannah vit sa grand-mère, si douce, si souriante.
    "Grand-mère !" cria la petite fille. "Oh, emmène-moi avec toi ! Je sais que tu disparaîtras quand l'allumette s'éteindra, comme le poêle chaud, le bon repas et le beau sapin de Noël !"
    Et pour être sûre que sa grand-mère reste, Hannah frotta rapidement toutes les allumettes qui lui restaient dans la boîte. Les allumettes brillèrent d'une lueur si vive qu'il faisait plus clair qu'en plein jour. Jamais sa grand-mère ne lui avait paru si grande et si belle. Elle prit Hannah dans ses bras, et toutes deux s'envolèrent joyeusement, très haut, vers un endroit où il n'y a ni froid, ni faim, ni chagrin.

    Le lendemain matin, au petit jour, les passants découvrirent la petite fille, assise dans le coin entre les deux maisons. Elle avait les joues roses et le sourire aux lèvres. Elle était morte de froid la dernière nuit de l'année. Près d'elle, il y avait un tas d'allumettes brûlées.
    "Elle a voulu se réchauffer, la pauvre petite," dirent les gens. Mais personne ne sut jamais les belles choses qu'elle avait vues, ni dans quelle joie elle était entrée avec sa grand-mère dans la nouvelle année, là-haut, au paradis.

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