La Bougie
Contes d'Andersen
Imaginez une boîte, pas très grande, où deux bougies attendaient leur destin.
L'une était une belle bougie de cire, toute blanche et lisse. Elle se sentait très importante. "Je suis sûre," pensait-elle, "qu'on va me mettre sur un grand chandelier en argent, pour une fête magnifique !" Elle rêvait de briller au milieu de gens élégants et de musique joyeuse.
À côté d'elle, il y avait une petite bougie de suif. Elle n'était pas aussi blanche, ni aussi droite que sa voisine. Elle était faite de graisse animale, ce qui la rendait plus humble. "Moi," pensait la bougie de suif, "je serai contente d'éclairer un petit coin, d'être utile, c'est tout. Peut-être dans une cuisine ou une chambre d'enfant." Elle ne demandait pas grand-chose.
Un jour, la boîte s'ouvrit ! Une main attrapa la fière bougie de cire. "Ah !" pensa-t-elle. "Mon grand moment arrive !" Et hop ! On la plaça sur un magnifique bougeoir en argent, exactement comme elle l'avait rêvé. Elle était prête pour la grande soirée.
Puis, la main revint chercher la petite bougie de suif. On la mit dans un simple bougeoir en laiton, un peu vieux mais propre. La bougie de suif ne se plaignit pas. "C'est très bien comme ça," se dit-elle.
Le soir venu, la bougie de cire fut allumée. Elle se trouvait dans un grand salon, rempli de dames en belles robes et de messieurs en habits noirs. Il y avait beaucoup d'autres lumières, des lustres étincelants et d'autres bougies comme elle. Elle brillait, c'est vrai, mais elle était une lumière parmi tant d'autres. Personne ne la remarquait vraiment. Elle fondit assez vite, un peu déçue de ne pas avoir été la star de la soirée.
Pendant ce temps, la petite bougie de suif fut aussi allumée. Elle se trouvait dans une modeste maison. Une maman était assise à une table et cousait des vêtements pour ses enfants. Un papa lisait un livre à voix haute, et les enfants écoutaient sagement, leurs yeux brillant dans la douce lumière.
La petite flamme de la bougie de suif dansait joyeusement. Elle éclairait les visages souriants de la famille. Grâce à elle, la maman pouvait voir son aiguille, le papa pouvait lire les mots, et les enfants se sentaient en sécurité et au chaud. La bougie de suif se sentait si heureuse et si importante ! Elle n'était peut-être pas dans un palais, mais elle apportait une vraie joie.
Elle brûlait doucement, donnant sa lumière pendant longtemps. Chaque soir, on l'allumait, et chaque soir, elle était la reine de la petite pièce, apportant réconfort et clarté.
La petite bougie de suif comprit alors quelque chose de très important. Ce n'est pas d'être la plus belle ou la plus riche qui compte le plus. Ce qui compte vraiment, c'est d'apporter de la joie et d'être utile aux autres, même si on est tout simple. Et elle continua de briller, heureuse et fière de sa petite lumière, jusqu'au tout petit bout.
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